Julia de Funès 4:59
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Alexandre Dalifard , modifié à
Julia de Funès, auteure du livre "Le Siècle des égarés", était l'invitée d'Europe 1 ce mardi matin. Au micro de Sonia Mabrouk, la philosophe aborde la question de l'identité et de l'égarement qu'elle pourrait procurer. Pour elle, à notre époque, "la ferveur identitaire s'intensifie jusqu'à parfois ébranler les principes républicains".

"Ces identités qui nous figent", écrivait Julia de Funès dans son nouveau livre Le Siècle des égarés. La philosophe, invitée d'Europe 1 mardi, revient sur la question de l'identitarisme. Pour elle, à notre époque, rechercher une identité c'est parfois rentrer dans un rôle ou bien une posture qui peut pousser à nous éloigner de nous-même. Mais elle reconnaît que pour se construire, il faut bien s'identifier.

"On le voit dans notre époque, les communautarismes se renforcent, la ferveur identitaire s'intensifie jusqu'à parfois ébranler les principes républicains. C'est en ce sens que je dis que l'identité égare", précise Julia de Funès. Cependant, si la reconstruction passe par l'identification, elle émet tout de même quelques doutes. "Se construire, ça veut dire s'individualiser, se singulariser et trouver son soi véritable. À ce moment-là, je crois que l'identité n'y répond plus", souligne-t-elle.

"L'union nationale ne procède pas d'une identité nationale"

Interrogée sur la question de l'identité nationale, Julia de Funès précise que le revers de main universaliste ne fonctionne plus du tout aujourd'hui. "L'union nationale ne procède pas d'une identité nationale. Si je vous demande de la définir, on va surement être en désaccord, c'est indéfinissable. Je ne crois pas à cette image d'Épinal qui est très personnelle et qui n'a jamais suffi à rassembler une nation", indique la philosophe. Pour l'auteure, un pays va s'unir dans des moments tragiques ou d'émotion, comme lors d'attentats ou même en temps de guerre.

"Je crois beaucoup plus à l'émotion qu'à l'identité pour créer le sentiment. Un match de football, par exemple, peut créer une ferveur identitaire", ajoute-t-elle.

"Le besoin d'appartenance est une illusion"

Certaines sociétés, populations, refusent d'être noyées dans une globalisation effrénée et se raccrochent à leur identité française, européenne ou même chrétienne. Face à cela, Julia de Funès alerte sur ce besoin d'appartenance. "C'est tout à fait compréhensible comme désir, mais c'est un leurre, une illusion. Qu'est-ce qui demeure identique à travers le temps ? Rien", affirme la philosophe. Pour elle, "on ne peut pas réduire l'identité à l'Histoire." 

Face à ses propos, elle précise tout de même qu'il ne faut pas dénigrer le passé. Cependant, "l'Histoire n'est pas un conditionnement, c'est une condition d'existence. C'est un point de départ, mais pas une ligne d'arrivée", conclut-elle.