Revenu de base : il faut "assurer une continuité du revenu des personnes pour faire face aux mutations du marché du travail"

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Stéphane Troussel souhaite expérimenter le revenu de base d'ici 2019
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Ugo Pascolo , modifié à
Pour Stéphane Troussel, président PS de la Seine-Saint-Denis, l'expérimentation du revenu de base dans 13 départements doit permettre d'améliorer l'accès au logement des jeunes, mais aussi leur niveau de formation. 
INTERVIEW

"En dépit de l'existence du RSA, il y a neuf millions de pauvres en France". Invité d'Europe 1 Bonjour jeudi Stéphane Troussel, président PS du département de la Seine-Saint-Denis, fait partie de l'initiative des treize départements qui souhaitent lancer une expérience de revenu de base pour lutter contre la pauvreté, déterrant ainsi la mesure phare de Benoît Hamon lors de la dernière élection présidentielle. "La pauvreté touche surtout les jeunes, puisque le RSA n'est pas accessible avant l'âge de 25 ans, son taux est double pour les 18/25 ans que pour les 25/64 ans". 

Simplifier le système. "Les départements sont en première ligne pour prendre en charge l'action sociale, notamment via le versement du RSA", commence par rappeler Stéphane Troussel au micro d'Europe 1. Mais le RSA n'est pas un outil parfait : "environ trois personnes sur dix qui peuvent avoir accès au RSA n'en font pas la demande, à cause de la complexité du système. (...) Il faut également s'adapter à l'évolution du marché du travail : on voit plus de précarité et plus de reconversions, notre objectif est donc d'assurer une continuité du revenu des personnes pour faire face à cette mutation du travail", déroule le président de la Seine-Saint-Denis. 

Une expérience sur 20.000 personnes. Selon les scénarios encore à l'étude, l'aide pourrait se chiffrer entre 461 euros et 725 euros par mois et serait régi par trois grands principes. "Son inconditionnalité, son ouverture aux jeunes de moins de 25 ans et la dégressivité en fonction des revenus", détaille Stéphane Troussel. "L'expérience pourrait démarrer dès 2019 sur un échantillon de 20.000 personnes et devrait nous permettre de mesurer toutes les conséquences de ce changement". Car l'idée d'un revenu de base est déjà expérimentée dans certains pays, comme la Finlande, où 2.000 personnes en recherche d'emploi ont été tirées au sort et touchent 560 euros par mois. 

Un meilleur accès au logement, une meilleure santé, de plus longues études. D'après les études réalisées sur ce revenu de base, l'initiative a permis de "réduire le taux de pauvreté très élevé chez les jeunes avec toutes les conséquences sur l'accès au logement, à la santé, mais aussi au niveau de formation des bénéficiaires", indique-t-il. "Nous voulons mesurer l'impact sur un certain nombre d'autres dimensions pour réduire les inégalités et anticiper les évolutions".