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Le journaliste Georges Malbrunot, co-auteur de 'Nos très chers émirs", persiste à dénoncer les dérives de la relation entre le Qatar et les politiques français.
INTERVIEW

"Ce sont des accusations graves, mais réelles". Dans Nos très chers émirs, les journalistes Georges Malbrunot et Christian Chesnot dénoncent les "dérives" de la relation entre le Qatar et des personnalités politiques de tous bords, dont Jean-Marie Le Guen et Rachida Dati, qui ont d'ores et déjà annoncé leur intention de porter plainte pour diffamation. Dans ce livre-enquête, ils racontent notamment comment l'argent a "pourri" cette relation avec les monarchies du Golfe et en particulier comment l'ambassade du Qatar à Paris est sollicitée par des politiques.

"Des mauvaises habitudes avaient été prises". "Entre 2007 et 2013, lorsque l’ambassadeur était Mohammed al-Kuwari et que la relation était très intense entre la France et le Qatar, celui-ci avait pour habitude d’arroser certains hommes politiques. Et lorsqu’il a quitté la France en 2013, son successeur est arrivé avec comme mission de fermer le distributeur de billets de 500 euros. Sauf que des mauvaises habitudes avaient été prises par certains hommes politiques et qu’ils ont continué à venir réclamer de l’argent", résume Georges Malbrunot sur Europe 1. "Nous avons des preuves".

Plusieurs politiques directement accusés. Les deux journalistes citent nommément le secrétaire d'Etat chargé des Relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen, le député PS Nicolas Bays, l'ex-garde des Sceaux LR Rachida Dati, l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin ou encore la sénatrice centriste Nathalie Goulet. Rachida Dati aurait ainsi demandé à l'ambassade du Qatar "400.000 euros pour fonder un club des ambassadeurs" dans le 7e arrondissement de Paris. "Nicolas Bays, lui, demandait des billets d’avion pour lui-même et sa femme pour aller en vacances à Doha et puis Jean-Marie Le Guen, qui était un peu plus malin, voulait imposer une agence de communication à l’ambassade afin de gérer les déclarations de certains hommes politiques", continue le spécialiste du Moyen-Orient. "Il espérait ainsi monnayer, contrôler la parole des députés lors des questions d’actualité".

"Tout n’est pas terminé". "On cite une douzaine d’hommes politiques qui ont essayé de monnayer leur parole, mais ce n’est probablement que la partie émergée de l’iceberg", avance même le journaliste. "D’ailleurs, si j’en crois certaines indiscrétions, certains députés se sont félicités de ne pas être dans notre livre. Je crois donc que tout n’est pas terminé. Il y a des habitudes qui ont la vie dure". Et de préciser, enfin, que "tous les membres du groupe d’amitié France-Qatar ne sont pas à mettre dans le même panier. Maurice Leroy, le président, est clean", souligne-t-il en exemple. "Mais il y avait parmi eux, et parmi d'autres, des hommes politiques qui se comportaient d’une manière indécente."