Julien Odoul 2:07
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Claudia Bertram, édité par Romain David
Selon les derniers sondages, le RN Julien Odoul serait en passe de l'emporter pour les régionales en Bourgogne-Franche-Comté. Sa candidature ne fait pourtant pas l'unanimité au sein du parti de Marine Le Pen, tandis que ses adversaires peinent à lui faire barrage.
DÉCRYPTAGE

La région Bourgogne-Franche-Comté, tenue par la gauche, fait partie de ces bastions susceptibles de basculer lors des élections régionales, prévues les 20 et 27 juin. En 2015, la socialiste Marie-Guite Dufay l'avait emporté de peu face à un candidat du ex-FN. Six ans plus tard, le Rassemblement national est donné en tête au premier tour avec 30% des voix. Julien Odoul, la tête de liste, pourrait même l’emporter avec 32% des voix dans l’hypothèse d’une quadrangulaire au second tour, face au LR (20%), au PS (19%) et à LREM (14%), selon un sondage OpinionWay.

Une candidature qui divise

"Je suis le seul en capacité de gagner la région ou sinon on la laisse à la gauche", explique Julien Odoul à Europe 1. Mais le candidat ne fait pas l'unanimité en interne. En cause : un enregistrement polémique, qui lui a également valu les foudres de tous ses adversaires, et dans lequel il demande si "la corde est française" en parlant du suicide d'un agriculteur. Julien Odoul se défend, explique n’avoir aucun souvenir de cette conversation révélée par Libération, et assure qu'on veut le salir en raison de ses possibilités de victoire. Toujours selon Libération, des conseillers régionaux du RN auraient également fait un signalement auprès du procureur de la République de Dijon, accusant Julien Odoul d’avoir employé pendant des mois une assistante fictive.

Habitué aux coups d’éclats, l'ex-mannequin avait déjà suscité une vive polémique en 2019 en demandant, en pleine séance du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, à une accompagnatrice scolaire présente dans la salle avec un groupe d’enfants de "retirer son voile islamique".

"Ambition de droite populaire"

Julien Odoul est surtout devenu l’adversaire numéro un de l’ensemble des candidats en Bourgogne-Franche-Comté. Le LR Gilles Platret n'a pas hésité à faire alliance avec Nicolas Dupont-Aignan, ancien allié de Marine Le Pen en 2017. "J’ai toujours porté une ambition de droite populaire. Mon alliance avec Nicolas Dupont-Aignan, c'est exactement une alliance en direction de cette droite populaire", plaide-t-il, également auprès d’Europe 1. 

La sortante socialiste Marie-Guite Dufay apparaît de son côté en difficulté, avec une gauche divisée au premier tour. La situation inquiète ses électeurs. "Il ne faut pas faire alliance avec les en marche hein !", avertit un militant croisé sur un marché du Jura. "La liste de gauche, c'est la liste rempart", lâche une autre électrice.

Triangulaire au second tour ?

Un seul moyen pour Marie-Guite Dufay de garder la région : une triangulaire au second tour sans la liste de la majorité présidentielle. "La gauche peut faire face seule au Rassemblement national", martèle la candidate au micro d’Europe 1. "Ça n’est pas à moi de fermer ou d’ouvrir des portes. Interrogez La République en marche sur ce qu'ils feront dans ce contexte !"

Mais la réponse du marcheur Denis Thuriot est pour le moins évasive : "Je vous donne rendez-vous le 20 juin et d'ici là je n'ai pas dit mon dernier mot", balaye-t-il. Avant toutefois d’ajouter : "Je suis un combattant du Rassemblement national depuis le début de mon engagement en politique." Les scores du premier tour seront donc cruciaux pour déterminer si la gauche doit s'allier à la majorité présidentielle ou non pour faire barrage à Julien Odoul.