Yves Veyrier a notamment qualifié l'âge d'équilibre de "malus". 2:50
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Ugo Pascolo , modifié à
Le secrétaire général de Force Ouvrière a fustigé au micro d'Europe 1 l'une des mesures phares du rapport de Jean-Paul Delevoye, à savoir la mise en "place d'un âge d'équilibre" au-delà de l'âge légal de départ. 
INTERVIEW

"L'idée de cette réforme est d'inciter à partir toujours plus tard". Invité de la matinale week-end d'Europe 1 samedi, le secrétaire général de force ouvrière Yves Veyrier a fustigé les pistes de la réforme des retraites présentées jeudi par le haut commissaire Jean-Paul Delevoye, et qui doivent servir de base pour la nouvelle législation, dont l'entrée en vigueur est prévue pour le 1er janvier 2025. 

"On fait porter au système des retraites les défaillances des politiques économiques"

Avec cette proposition, "l'âge de départ à 62 ans devient complètement virtuel, puisque vous serez pénalisé de 10% de votre droit à pension si vous partez à ce moment-là", fustige le chef de file du troisième syndicat de France. Un "malus" qu'il est possible de supprimer en travaillant jusqu'à 64 ans "dans le meilleur des cas", estime-t-il. "Si on va vers ce système, tous les cinq ans le gouvernement pourra jouer sur la valeur du point [de retraite, ndlr] à la revente, c'est-à-dire, au moment de partir à la retraite". 

Quant à la proposition de Jean-Paul Delevoye de fixer un minimum retraite à 85% du Smic net pour les carrières courtes et irrégulières, contre 81% pour les salariés et 75% pour les agriculteurs actuellement, elle ne semble pas non plus trouver grâce aux yeux d'Yves Veyrier. "On fait porter au système des retraites les défaillances des politiques économiques qui ne garantissent pas un emploi à taux plein permanent dès l’entrée dans la vie active, jusqu’au moment du départ en retraite, tacle-t-il.

Vers une mobilisation le 21 septembre

Très insatisfait par les pistes de cette réforme des retraites, le syndicaliste ne compte pas s'asseoir à la table des négociations : "Au terme de 18 mois de concertation, on est en désaccord profond avec le système universel. Je ne vais pas aller discuter des réglages de quelque chose qui va nous échapper, je ne vais pas aller cautionner une mécanique qui donne au gouvernement les pleins pouvoirs".

Comme le chef de file de la CGT Philippe Martinez, Yves Veyrier espère bien mobiliser les Français contre ces propositions dès le 21 septembre prochain. "Il faudra être très nombreux et réussir à convaincre le plus grand nombre de salariés pour bloquer ce projet de réforme, pour ramener nos interlocuteurs à la raison", explique-t-il avant de prévenir : "S'il le faut, il faudra que nous soyons capables de cesser le travail le plus largement possible dans ce pays".