Sénat 1:36
  • Copié
Alexandre Chauveau avec AFP , modifié à
En cette nouvelle journée de mobilisation contre la réforme des retraites, les sénateurs poursuivent leurs échanges au Palais du Luxembourg. Cette nuit, Gérard Larcher a activé l'article 38 du règlement pour accélérer le vote d'un amendement. Retour sur une soirée mouvementée.

La majorité sénatoriale de droite a donné un gros coup d'accélérateur dans la nuit de mardi à mercredi à l'examen de l'article pivot de la réforme des retraites reculant l'âge de départ à 64 ans, malgré la levée de boucliers de la gauche qui a fini par quitter l'hémicycle. La droite a dans un premier temps utilisé un article du règlement interne pour couper court au débat, avant d'adopter un amendement de "réécriture" de cet article 7 qui a fait passer à la trappe la majorité des amendements de gauche. La "clôture des débats", prévue par l'article 38 du règlement, a été proposée par le président du groupe Les Républicains Bruno Retailleau sur une première série d'amendements visant à la suppression de l'article 7 portés par la gauche. Elle a été votée à main levée.

Un article 38 qui met le feu aux poudres

C'est la première fois que l'article 38 du règlement du Sénat est utilisé depuis sa révision en 2015. Il peut s'appliquer aux prises de parole sur article, aux explications de vote sur amendement ou sur un article, ou encore aux explications de vote sur l'ensemble d'un texte. "Ce recours à cette procédure est un acte de faiblesse de la part de la droite sénatoriale", a réagi la présidente du groupe CRCE à majorité communiste Eliane Assassi, dénonçant "un coup de force", "une attaque contre la démocratie et les droits du Parlement". "Ce n'est pas digne du Sénat", a-t-elle affirmé. "Honte à vous", "C'est un scandale", a renchéri le chef de file des sénateurs socialistes Patrick Kanner. "Un jour historique de mobilisation, sur l'article 7, le plus important, vous décidez de bâillonner le Parlement, de censurer le Sénat", a encore accusé le président du groupe écologiste Guillaume Gontard.

"L'obstruction est au Parlement ce qu'est la désertion à un soldat"

"Ca fait 5 jours et 5 nuits que nous avons affaire à une obstruction", a plaidé pour sa part Bruno Retailleau, pour qui "l'obstruction est au Parlement ce qu'est la désertion à un soldat". "Nous avons eu sur cet article en l'état 124 interventions, je considère que les exigences de clarté et de sincérité ont été respectées", a déclaré le président du Sénat Gérard Larcher (LR). Le Sénat a dans la foulée rejeté les quelque 70 amendements déposés par la gauche demandant la suppression de l'article 7. Après trois suspensions de séance, le Sénat a ensuite voté à 3H30 du matin, en l'absence des trois groupes de gauche, un amendement de "réécriture" de cet article proposé par le rapporteur LR René-Paul Savary, qui n'en modifie pas le fond. Mais son adoption a fait "tomber" plus de 1.100 amendements.

"Il nous restera un débat riche sur cet article 7", a assuré René-Paul Savary, 75 amendements restant à examiner. La gauche a bien tenté de contre-attaquer en présentant une épaisse liasse de sous-amendements, qui ont été déclarés "irrecevables". "C'est moi qui préside!", a dû tonner Gérard Larcher pour interrompre la bronca de la gauche qui a crié au "bricolage". Les débats sur l'article 7 reprendront mercredi après-midi. La majorité sénatoriale a pour objectif d'aller jusqu'au bout du texte et au vote final d'ici la date butoir de dimanche minuit.