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A.D , modifié à
Le premier débat de la primaire de la droite aura lieu jeudi. Le grand favori est Alain Juppé, suivi de Sarkozy qui, selon Jérôme Sainte-Marie, devrait jouer la rupture pour tenter de reprendre l'avantage.
INTERVIEW

Le premier acte aura lieu jeudi. Ce soir-là, les sept candidats à la primaire de la droite et du centre, Jean-François Copé, François Fillon, Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, Nathalie Kosciusko-Morizet, Bruno Le Maire et Jean-Frédéric Poisson, vont s'affronter pour la première fois à la télévision sur TF1. Jérôme Sainte-Marie, le président de la société d'études et de conseil PollingVox, était l'invité dominical de l'émission C'est arrivé demain pour éclairer sur la préparation et les enjeux de ce grand rendez-vous.

"Courir le risque". Alors qu'un sondage publié dimanche pour France 2 crédite Alain Juppé de 39% d'intentions de vote contre 31% pour l'ancien président, l'attention devrait se porter sur Nicolas Sarkozy dans ce premier débat, estime Jérôme Sainte-Marie, avec une grande question : "Trouvera-t-il un argument suffisant pour convaincre les électeurs de courir le risque de voter pour lui ? Courir le risque car au fond, celui qui, pour l'instant, garantit la victoire au premier tour et au second tour de l'élection présidentielle, c'est Alain Juppé."

A gauche, "le moindre mal, c'est Juppé". Le second tour "sera très certainement face à Marine Le Pen", ajoute le spécialiste. "On a l'impression que cette primaire est en train de décider du choix du président de la République huit mois avant l'élection réelle. Nicolas Sarkozy veut que la primaire soit concentrée sur les sympathisant des Républicains", groupe dans lequel il domine ses adversaires. A l'inverse, "Alain Juppé souhaite s'adresser à un ensemble plus vaste, de la droite, du centre, voire de nombreux sympathisant de gauche qui se disent que la bataille semble perdue. Ils vont essayer de choisir le moindre mal, et le moindre mal à leurs yeux, c'est Alain Juppé."

"La rupture par des propositions". Vendredi soir, Nicolas Sarkozy a indiqué que s'il était élu, il mettrait en place deux référendums, l'un pour "suspendre le caractère automatique du regroupement familial", l'autre pour autoriser "l'internement administratif des fichés S les plus dangereux". Une annonce qui pourrait le faire avancer, selon le spécialiste : "On ne peut pas changer les choses par la personnalité. Ce sont des gens archi-connus par les Français. Il faut donc faire la rupture sur des propositions. Ce qui est un peu dommage, c'est que ce référendum est une vieille idée de la présidentielle de 2012. C'était une suggestion de son conseiller Patrick Buisson, aujourd'hui retourné contre lui." Toujours est-il qu'avec ce genre d'annonces, Sarkozy "maintient l'attention sur lui".

 

Fillon, l'offensive contre sarkozy ? Les autres candidats auront alors deux stratégies : se déterminer par rapport à ces deux propositions ou tout faire pour éviter d'avoir à les commenter. "On pense surtout à Bruno Le Maire et à François Fillon. Ils sont dans une position radicalement opposée. Bruno Le maire veut demeurer compatible avec les deux probables vainqueurs, soit Nicolas Sarkozy, soit Alain Juppé. François Fillon, lui, a déjà été Premier ministre. Il n'a rien à gagner et va être dans une opposition frontale par rapport aux deux principaux candidats. C'est peut-être celui qui sera le plus offensif", quitte à provoquer quelques surprises.

Enfin, Jérôme Sainte-Marie pense que "Nicolas Sarkozy va faire du Trump, c'est à dire qu'il va essayer de trouver des choses qui vont indigner la gauche et mettre mal à l'aise ses adversaires sur le plateau."