Olivier Faure 3:16
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Manon Fossat , modifié à
Bloquer les transferts d'argent privé vers les pays qui refusent de rapatrier les ressortissants visés par une mesure d'expulsion du territoire français. C'est la mesure radicale voulue par le candidat à la présidentielle, Arnaud Montebourg. Une proposition loin de plaire à Olivier Faure, invité sur Europe Matin lundi, qui a regretté que l'ancien socialiste reprenne une mesure "d'extrême droite".

Le candidat à la présidentielle Arnaud Montebourg a annoncé dimanche vouloir bloquer les transferts d'argent privé vers les pays qui refusent de rapatrier leurs ressortissants visés par une mesure d'expulsion du territoire français. Une proposition qui s'est attirée de nombreuses critiques à gauche. Invité de Sonia Mabrouk sur Europe Matin lundi, Olivier Faure, le premier secrétaire du parti socialiste, a lui aussi exprimé sa surprise et s'est dit "heurté" par cette mesure "d'extrême droite". "Les bras m'en sont tombés", a-t-il posé. "Je connais Arnaud Montebourg, il a été socialiste et le retrouver à reprendre cette vieille proposition de l'extrême droite m'a à la fois heurté et rendu triste pour celles et ceux qui le soutiennent", a-t-il dit. 

Une mesure "à rebours"

"Pour moi la privation des visas ne fonctionne pas", a expliqué Arnaud Montebourg dimanche dans "Le Grand Jury", alors que la France a récemment annoncé la réduction du nombre de visas accordés aux Algériens, Marocains et Tunisiens pour mettre la pression sur leurs gouvernements, jugés peu coopératifs sur la réadmission des Maghrébins expulsés de France. "Pourquoi les gens se déplacent depuis toujours hors de leur territoire ?", a interrogé le premiers secrétaire du PS. "Parce qu'il fait trop froid, trop chaud, parce que l'on y mange peu, que l'on n'y travaille plus... Il y a des raisons économiques, sociales ou de guerre, qui poussent les gens à migrer", a-t-il affirmé. 

Et selon lui, une telle mesure pourrait en plus avoir des conséquences inverses à celles escomptées. "Si les gens se trouvant en France de manière légale renvoient de l'argent vers leur pays d'origine afin d'aider les familles à rester dans leur village et qu'ils ne le font plus, vous aurez naturellement plus de migrants. Donc c'est absolument à rebours de ce qu'il faut faire." 

Quelles autres solutions ?

Il a au contraire proposé "d'accentuer la coopération" et de "faire en sorte qu'il y ait un vrai combat contre la réchauffement climatique". "On ne va pas sanctionner des gens qui sont en France de manière légale et les punir alors qu'ils sont innocents. Ca n'a pas de sens", a-t-il encore lâché. "Ce qu'il faut c'est lutter contre l'immigration clandestine, faire en sorte de faire appliquer les OQTF (Obligation de quitter la France), mais en négociant avec les pays d'origine", a poursuivi Olivier Faure.

"Si vous voulez toucher aux avoirs de quelqu'un, faisons en sorte que ce soit à ceux des dirigeants de ces gouvernements, ces régimes et parfois de ces dictatures. Et non pas aux personnes qui sont venues en France et n'ont que leur force de travail à offrir à leurs familles qui sont restées au pays."