Les interceptions téléphoniques au cœur de l'affaire des "écoutes" impliquant Nicolas Sarkozy ont été pour la première fois diffusées dans une salle d'audience (Illustration). 1:14
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avec AFP , modifié à
Pour la première fois, les échanges téléphoniques au cœur de l'affaire des "écoutes" impliquant Nicolas Sarkozy ont été diffusées dans une salle d'audience lors du deuxième jour du procès en appel de l'ex-président pour corruption et trafic d'influence. 

Les interceptions téléphoniques au cœur de l'affaire des "écoutes" impliquant Nicolas Sarkozy ont été pour la première fois diffusées dans une salle d'audience, mardi au deuxième jour du procès en appel de l'ex-président pour corruption et trafic d'influence. Des raisons techniques avaient empêché leur diffusion lors du procès de première instance, à l'issue duquel Nicolas Sarkozy, son avocat historique Thierry Herzog et l'ex-magistrat Gilbert Azibert avaient été condamnés à trois ans de prison, dont un an ferme. 

Diffusés mardi par haut-parleurs, ces échanges ont fait entendre à la cour d'appel de Paris plusieurs conversations tenues début 2014 entre Nicolas Sarkozy et Me Herzog sur une ligne ouverte sous l'alias "Paul Bismuth", qu'ils pensaient à l'abri des enquêteurs.

Selon la thèse de l'accusation, contestée par les prévenus, ces conversations accréditent l'existence d'un pacte de corruption noué avec Gilbert Azibert, à qui un soutien à sa carrière aurait été promis en rétribution d'interventions liées à une décision de la Cour de cassation sur les agendas présidentiels de Nicolas Sarkozy. 

La ligne Bismuth sur écoute 

Gilbert Azibert aurait ainsi informé Me Herzog de l'avis du conseiller rapporteur dans ce dossier et aurait tenté d'influencer les délibérations dans la haute juridiction dont il était lui-même membre. "Voilà... Il a bossé hein", résume Me Herzog à Nicolas Sarkozy le 29 janvier 2014.

Quelques jours plus tard, l'avocat rapporte à l'ex-président que Gilbert Azibert convoite un poste dans la hiérarchie judiciaire à Monaco. "Il me dit : 'j’ose pas demander. Peut-être qu’il faudrait que j’ai un coup de pouce'. Ben je lui ai dit 'tu rigoles, avec ce que tu fais...'", dit Me Herzog.

"Non ben 't’inquiète pas', dis-lui", lui répond Nicolas Sarkozy. "Appelle-le aujourd'hui en disant que je m’en occuperai parce que moi je vais à Monaco". Un engagement qu'il réitèrera le 25 février alors qu'il est en visite dans la Principauté. "Ok, tu peux lui dire que (...) à midi je ferai la démarche". 

Le lendemain, pourtant, changement de ton radical: Nicolas Sarkozy appelle son avocat, cette fois en utilisant un de ses téléphones officiels, pour lui dire qu'il n'intercédera finalement pas en faveur du magistrat. "Je t'avais dit que je le ferai. Et puis j'ai réfléchi, ça va paraître très bizarre", dit-il. Selon les enquêteurs, ce revirement serait lié au fait que Nicolas Sarkozy et son avocat auraient appris que la ligne Bismuth était elle aussi sur écoute. Une enquête du Parquet national financier ne parviendra toutefois pas à identifier une éventuelle taupe.