Piétonisation des voies sur berges : fin de la période d’expérimentation

© BERTRAND GUAY / AFP
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G.S.
L’expérimentation de la piétonisation d’une partie des berges de la Seine prend fin dimanche. La ville de Paris a décidé de pérenniser le dispositif. 

La période d’expérimentation prend fin ce dimanche. La ville de Paris a décidé de pérenniser le dispositif de piétonisation de la voie sur berge rive droite, au centre de Paris. Pour lutter contre la pollution au sein de la capitale, la circulation y est interdite aux voitures depuis l'automne, suscitant la polémique notamment en banlieue et parmi les élus de droite.

Depuis six mois, la circulation est fermée le long de la voie Georges-Pompidou, sur 3,3 km, de l'entrée du tunnel des Tuileries (Ier arrondissement) à la sortie du tunnel Henri-IV (IVe). Malgré les protestations de la région Île-de-France, l’expérimentation ne sera pas reconduite et la fermeture à la circulation devient donc définitive. "Ville et préfecture se sont engagées pour six mois. Toute manœuvre pour repousser la décision serait dilatoire", avait annoncé Christophe Najdovski, adjoint parisien EELV chargé des Transports, le 14 mars dernier.

La région toujours opposée. Le ton avait semblé s'adoucir la semaine dernière dans ce dossier polémique entre Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, et Anne Hidalgo, maire de Paris. "C'est une main tendue. Nous voulons sortir de la crispation", avait lancé mardi 14 mars la présidente de la région-capitale lors d'une conférence de presse consacrée à la fermeture aux voitures.

Réintroduction du trafic sur les berges sur une voie "apaisée" à 30km/h sur le quai bas, développement des bus électrique sur les quais hauts, création de parking relais dans Paris, renforcement de ceux de banlieue, navette fluviale, ou encore "carrefours intelligents" fluidifiant le trafic… Valérie Pécresse y avait détaillé des scénarios alternatifs et des "mesures compensatoires" destinés à fluidifier le trafic automobile dans la capitale. Elle demandait, également, d’allonger l’expérimentation de trois mois le temps de préparer ce scénario alternatif.

" Nous dénonçons cette indifférence à l'égard des habitants de la petite et de la grande couronne "

La mairie y tient toujours. Mais la mairie a opposé une fin de non-recevoir. C'est un "revirement salutaire", avait salué Christophe Najdovski, voulant voir dans ces propositions "une attitude désormais constructive de l'exécutif régional". Avant de réfuter illico quelques propositions de la Région. Remettre les voitures sur les quais bas ? "Ce n'est pas envisageable", avait tranché l’élu. S'il a salué certaines propositions régionales, l'élu écologiste a affirmé qu'elles "rejoignaient très largement celles que nous faisions depuis des mois" (navettes fluviales, parcs relais, etc). "Mais améliorons d'abord l'existant", comme le développement du vélo et bus électrique sur les quais hauts, a-t-il glissé.

La Ville a par ailleurs annoncé que l'inauguration officielle du "nouveau Parc des Rives de Seine", associant rive gauche et rive droite, aurait lieu le dimanche 2 avril. "Après le succès de la fréquentation des berges rive gauche -- 6 millions de promeneurs en 3 ans -- ce sera l'occasion pour tous les Franciliens et les visiteurs, déjà très nombreux sur les quais depuis le retour du soleil, de pouvoir découvrir l'ensemble des aménagements de loisirs, de sports et de végétalisation" sur les berges, selon la mairie.

Un "effet domino" qui pénalise même la (lointaine) banlieue ? En novembre, Valérie Pécresse avait reçu le soutien de plus de 150 maires d'Île-de-France dans son combat contre la piétonisation des voies sur berges de la rive droite. Selon ces élus, les automobilistes de la banlieue parisienne  sont les premiers impactés par cette mesure, qui ralentit selon eux la circulation dans Paris.

"Par un véritable effet domino, la fermeture des berges a des effets bien au-delà du territoire de la Ville", écrivaient les 150 signataires d’une lettre envoyée à la marie de Paris et la préfecture en novembre. "Nous dénonçons cette indifférence à l'égard des habitants de la petite et de la grande couronne." Alors que sa ville de Draveil est à une trentaine de kilomètres de Paris, le maire Georges Tron dit par exemple crouler sous "les témoignages de gens qui nous indiquent que le trajet est rendu quasi impossible jusqu'à Paris", du fait d'une circulation saturée. "Cette mesure impacte jusqu'à 40 kilomètres autour", assure-t-il.

Le 17 novembre du même mois, un rapport commandé par la région indiquait que la piétonisation avait entraîné des "augmentations de trafic particulièrement fortes" au centre de Paris et à l’ouest. Mais pour la marie de Paris, ce rapport, "dont la méthodologie n’est pas précisé", véhicule de "la désinformation".