Pascal Canfin "totalement" opposé à la taxe carbone sur le chauffage et les carburants

L'ancien ministre Pascal Canfin, désormais président de la commission Environnement au Parlement européen, s'oppose à la taxation du chauffage et des carburants.
L'ancien ministre Pascal Canfin, désormais président de la commission Environnement au Parlement européen, s'oppose à la taxation du chauffage et des carburants. © Europe 1
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La Commission européenne a dévoilé mercredi une douzaine de propositions visant à atteindre la neutralité carbone dans l’Union en 2050. Parmi elles, une plus forte taxation du chauffage domestique et des carburants. Une mesure que combattra Pascal Canfin, président de la commission Environnement au Parlement européen.

La Commission européenne a voulu donner un coup d’accélérateur à la transition énergétique en présentant, mardi, un pacte vert, comprenant une douzaine de mesures censée amener l’Union à une neutralité carbone en 2050. Parmi elles, la fin des voitures diesel et essence, une taxe kérosène dans l’aérien, le développement des énergies renouvelables ou encore la taxation des biens moins verts importés dans l’UE. Y figure aussi la création d’un nouveau marché carbone, sur le chauffage domestique et les carburants, en 2026. Cette dernière mesure est sans doute à l’heure actuelle la plus contestée, car elle pèsera sur les ménages. Pascal Canfin, président de la commission Environnement au Parlement européen, a prévenu jeudi sur Europe 1 qu’il la combattrait.

"J’essaierai de faire en sorte qu'il n'y ait pas de majorité au Parlement européen"

"Autant je suis favorable à la quasi-totalité des mesures de ce paquet climat, autant où je suis totalement en opposition à cette mesure spécifique", a assuré l’ancien ministre délégué au Développement (2012-2014). "Quand, par exemple, on habite à 20 ou 30 kilomètres d'un centre-ville et que l'on est obligé de toute façon d'aller travailler en voiture et conduire ses enfants en voiture, on n'a pas le choix. Ce n'est pas parce que l'essence coûte 20 centimes ou 10 centimes plus cher. C'est juste que vous êtes obligé de payer. Et vous n'avez pas d'alternative. Je pense que cette mesure-là n'est pas bonne", a-t-il insisté.

Et Pascal Canfin fera tout pour que cette mesure précise soit finalement retoquée. "J’essaierai de faire en sorte qu'il n'y ait pas de majorité pour la soutenir au Parlement européen", a-t-il affirmé. "D'ailleurs, la France, en tant que gouvernement au sein de l'Europe, y est hostile."

"Quand on prend l'avion, on émet du CO2"

L’ancien président de WWF France s’es dit en revanche favorable à la taxe sur le kérozène pour les trajets en avion à l’intérieur de l’Union, même si elle était répercutée sur les prix des billets. "Vous êtes quand même rarement obligé de prendre l'avion. C'est un choix", a-t-il relevé. "Le fait de dire au secteur aérien, ‘c'est normal de mettre un prix du carbone parce qu'aujourd'hui, toutes les autres industries en ont, mais vous, vous êtes en quelque sorte un passager clandestin de la lutte contre le dérèglement climatique’, c'est juste du bon sens. Effectivement, ça pourra rendre les billets d'avion de quelques euros plus cher. Mais chacun doit comprendre que quand on prend l'avion, on émet du CO2. On doit au moins payer le CO2 à son juste prix."

Même soutien de Pascal Canfin à une autre mesure spectaculaire ; l’interdiction de la commercialisation de véhicules émetteur de gaz à effet de serre, hybrides compris donc, dès 2035. "2030, c’est trop tôt pour gérer les conséquences industrielles et sociales de cette transition. 2040, c'est trop tard pour le climat", a tranché l’ancien ministre. "Notre objectif, c'est d'être neutre en carbone en 2050. Or, une voiture en moyenne, ça dure à peu près 10 à 15 ans sur les routes. Et donc, si vous n'arrêtez pas au plus tard en 2035, la vente de nouveaux véhicules thermiques, vous en avez encore sur les routes en 2050. Et donc, par définition, vous n'êtes pas neutre en carbone."