Alain Minc, économiste, essayiste, était l'invité d'Europe Matin mardi. 3:39
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Laura Laplaud , modifié à
Faut-il travailler plus longtemps pour financer le système de retraite comme l'a réaffirmé Emmanuel Macron ce mardi matin au marché de Rungis ? Invité d'Europe Matin, l'économiste Alain Minc revient sur une réforme des retraites qu'il juge indispensable.

Emmanuel Macron est arrivé aux aurores mardi au marché de Rungis, pour sa première sortie au contact direct des Français depuis le lancement de sa réforme des retraites. Interpellé sur ce texte, il s'en est remis mardi au "bon sens" des Français et a réitéré qu'il "faut travailler un peu plus longtemps" pour financer le système de retraite, ajoutant aussi que cela allait créer plus de richesses pour le pays. Ces deux arguments justifient-ils cette réforme ? 

"Il y a dans cette affaire beaucoup d'évidences qui ne sont pas dites : la France travaille moins que ses principaux concurrents, c'est une vérité. Si elle travaillait autant que les plus actifs de nos concurrents, notre produit intérieur serait supérieur. Et nous savons que l'espérance de vie augmente et que la démographie se dégrade", a affirmé Alain Minc, économiste et essayiste, invité d'Europe Matin mardi.

"Nous vivons à crédit"

Face à une espérance de vie qui se rallonge et à une baisse de la natalité, comment rétablir l'équilibre du régime des retraites ? Il existe trois solutions selon Alain Minc. "La première, on baisse les pensions, c'est exclu. La deuxième, on augmente les impôts sur les particuliers ou les entreprises, c'est difficile et contreproductif. La troisième, on retarde l'âge de départ en retraite", a-t-il énuméré.

"Il y a une chose qui n'est pas dite, que les responsables politiques ne peuvent pas dire dans une France aussi émotive et populiste, qui est que nous avons 3.000 milliards de dette, nous vivons à crédit, nous vivons en payant des taux d'intérêt incroyablement bas, c'est-à-dire très proches de ceux de l'Allemagne. Si, et le monde entier nous regarde, on ne fait pas cette réforme, notre taux d'emprunt augmente par exemple de 1%. Je vais vous faire le calcul, c'est 2 milliards et demi la première année, 5 milliards la deuxième, 7,5 la troisième, 10 la quatrième. C'est vertigineux", a indiqué Alain Minc au micro d'Europe 1.

"Nous portons nos 3.000 milliards de dette"

D'après l'économiste, il est nécessaire de rassurer les marchés financiers. "Mais évidemment avec l'atmosphère ambiante, mélenchoniste régnant, l'absurdité vis-à-vis de l'incompréhension économique qui est propre à ce pays, c'est très difficile de dire les marchés nous regardent, cette réforme est un geste extrêmement fort à leurs yeux et nous sommes obligés de la faire parce que nous portons nos 3.000 milliards de dette." Un argument majeur pour mettre en œuvre cette réforme, poursuit-il avant d'ajouter qu'il "n'est pas facile pour les responsables politiques de dire ce qu'un observateur peut dire en toute ingénuité".

"Si on ne rassure pas les marchés financiers, nous serons dans une situation où il y aura moins d'infirmières, moins de policiers, moins d'enseignants, moins d'aides-soignants. Nous serons dans une vraie rigueur telle que nous n'en avons pas connue depuis les plans de rigueur d'il y a 30 ans", termine-t-il.