Couleurs politiques aux municipales : cette circulaire signée par Castaner qui fait polémique

Dans un courrier adressé au préfet début janvier en vue des municipales, le ministre de l'Intérieur a changé les règles du "nuançage".
Dans un courrier adressé au préfet début janvier en vue des municipales, le ministre de l'Intérieur a changé les règles du "nuançage". © ludovic MARIN / AFP
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Romain David
La volonté de l'exécutif de circonscrire l'attribution administrative d'une couleur politique aux candidats pour les municipales est vivement critiquée par les oppositions. Elle accusent le gouvernement de vouloir favoriser le parti présidentiel, en faisant disparaître du calcul des scores les candidats des petites communes.
ON DÉCRYPTE

À deux mois des municipales, la décision de l’exécutif de ne plus attribuer de couleur politique aux élus des communes de moins de 9.000 habitants est en train de faire sortir l’opposition de ses gonds. De fait, une circulaire signée par le ministre Christophe Castaner pourrait bien faire disparaître 96% des communes françaises du calcul officiel des scores réalisés par chaque famille politique. "Ce genre de minable manipulation doit être dénoncé !", s'est indigné sur Twitter Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement national. "On ne peut plus choquant", a estimé Christian Jacob, le patron des Républicains, au micro du Grand Rendez-vous sur Europe 1. Deux conseillers municipaux LR de l'Ain ont également déposé un recours devant le Conseil d'Etat. Europe 1 fait le point sur ce qu'il faut savoir de cette circulaire. 

Que trouve-t-on dans cette circulaire ?

Dans un courrier du 7 janvier, dont le contenu a été révélé par France 2, le ministre Christophe Castaner demande aux préfets, pour les élections municipales des 15 et 22 mars, "de nuancer les candidats et listes de candidats uniquement dans les communes de 9.000 habitants et plus, ainsi que dans les communes chefs-lieux d'arrondissement".

Ce "nuançage", pratiqué pour chaque élection, permet d’obtenir une lecture politique du scrutin, en attribuant aux candidats, qu'ils soient investis par un parti ou non, une nuance politique, telle que "divers gauche" ou "divers droite", etc. Bien qu'il existe une vingtaine d’étiquettes, certains élus de petites communes, où le combat électoral n’est pas toujours partisans, ont pu se plaindre de s’être vu accoler par l’administration une étiquette dans laquelle ils ne se reconnaissaient pas.

Pour quelle raison le seuil des 9.000 habitants fait polémique ?

Le seuil à partir duquel les préfets doivent obligatoirement nuancer les candidats d'une commune est fixé pour chaque élection. Après avoir été fixé à 3.500 en 2008, il est descendu à 1.000 en 2014. 

Certains responsables politiques de l’opposition estiment que relever le seuil du "nuançage" obligatoire aux communes de 9.000 habitants et plus viendrait gonfler les résultats de La République en marche. Le parti présidentiel étant peu implanté dans les campagnes - par rapport aux partis traditionnels de gouvernement - la non prise en compte dans les résultats nationaux d’édiles PS ou LR de campagne, par exemple, lui serait mathématiquement favorable.

Pourquoi la nouvelle étiquette "divers centre" soulève des interrogations ? 

La mise en place d’une nouvelle étiquette, "divers centre", interroge également du coté de l’Association des maires de France. Elle pourra être attribuée aux candidats non investi par LREM, mais que le parti présidentiel a toutefois décidé de soutenir.

Suivant cette logique, un candidat socialiste ou républicain, qui serait également soutenu par LREM dans le cadre d’une alliance locale, pourrait potentiellement se voir ranger sous l’étiquette "divers centre", et donc être comptabilisé aux côtés de la majorité. "Dès que le maire élu d’une commune aura reçu le soutien LREM, il sera automatiquement classé divers-centre", tempêtait Christian Jacob, dimanche matin, sur notre antenne.