Michel Wieviorka. 6:40
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A.D , modifié à
Le sociologue Michel Wieviorka a été enthousiasmé par la primaire de la droite, qui a permis selon lui de sortir des discours de langue de bois.
INTERVIEW

La primaire de la droite et du centre arrive à son terme dimanche. Les plus de 4 millions de votants du premier tour et les plus de 8 millions de spectateurs du débat d'entre-deux-tours permettent de conclure à un succès. Le sociologue Michel Wieviorka était l'invité de l'émission C'est arrivé cette semaine pour évaluer si ce succès a aussi rempli son rôle démocratique.

Après le Brexit, après Trump. Sous le regard de Michel Wieviorka, la primaire de la droite a été vertueuse. Pour l'expliquer, le sociologue part d'un contexte international. Il cite d'abord le Brexit et sa campagne "médiocre" puis l'élection de Donald Trump "avec là aussi une campagne très basse, des deux côtés, avec un peu de populisme et de xénophobie pour celui qui l'emporte." Le spécialiste s'enthousiasme de ne pas avoir vu la même vague populiste envahir la France : "On a un débat de qualité, on a des candidats qui ont des idées, des projets, des programmes et on voit bien les grandes différences entre eux. L'un est libéral et conservateur, l'autre est moins libéral économiquement et plus moderne culturellement."

Entendu sur europe1 :
Je pense que les Français sont passionnés par la politique et en même temps très critique vis à vis des discours politiques surtout quand c'est de la langue de bois. Là, on a des gens qui disent les choses de manière très carrée.

"Le débat, la discussion et la réflexion" sont, selon Michel Wieviorka, les ingrédients qui ont permis de créer des antidotes au populisme. "Les électeurs ont été mis en position de pouvoir choisir leur candidat, ce qui me semble être démocratique. Ils n'ont pas choisi le président, ils ont choisi leur candidat et sur la base d'un processus qui semble démocratique. Les deux candidats se sont aussi comportés d'une manière démocratique et civile."

Des propositions clivantes mais "carrées". Le désormais favori François Fillon arrive avec des propositions chocs sur la diplomatie avec Poutine, la baisse du nombre de fonctionnaires ou encore sa vision traditionnelle de la famille, quitte à être clivant. "Je pense que les Français sont passionnés par la politique et en même temps très critiques vis à vis des discours politiques surtout quand c'est de la langue de bois. Là, on a des gens qui disent les choses de manière très carrée. Le succès de la primaire, c'est la démonstration de la faiblesse des partis politiques classiques. Les Français ne veulent pas que les partis choisissent leur candidat, ils veulent avoir leur mot à dire."

Après avoir encensé la primaire de la droite, le sociologue ne voit pas d'issue pour celle de la gauche. "Nous souhaitions une primaire de toute la gauche et des écologistes. On aura une primaire du PS et on ne sait pas encore si on verra le président se présenter ou pas. On aura une primaire qui n'aura pas l'importance politique que vient de revêtir la primaire de la droite."