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Pour le philosophe de gauche Michel Onfray, le PS est un parti moribond depuis le début des années 1980, lorsqu'il a renoncé à ses idéaux face aux contraintes du capitalisme.
INTERVIEW

Manuel Valls a tourné le dos au socialiste Benoît Hamon, en choisissant de voter Emmanuel Macron pour ne "prendre aucun risque pour la République" face à la menace frontiste. "Je pense que c’est Valls qui est menaçant, mais la République n’est pas menacée. À chaque fois que Valls cache un mensonge, ou quelque chose qui relève de l’égoïsme, du narcissisme, il nous parle de démocratie, de République, de liberté, d’égalité, de fraternité. Les gros mots sont toujours sortis pour cacher les petites passions, les passions mesquines", a commenté le philosophe Michel Onfray vendredi, au micro d’Europe 1.

"Ce que la gauche de droite pense tout bas..." "Les socialistes n’ont plus que ça comme méthode, ou du moins ceux qui se disent socialistes ; gouverner comme la droite depuis 1983 et nous dire que, si on ne les reconduit pas, Marine Le Pen va passer", estime l’écrivain. "C’est un effet de rhétorique. On fait peur, et puis finalement Manuel Valls dit tout haut ce que la gauche de droite pense tout bas : allions-nous à François Fillon, puisque Manuel Valls vient de dire qu’il était prêt à travailler avec François Fillon pour contrer le FN".

Pour Michel Onfray, le PS, menacé d’explosion à l’issue de la présidentielle, "est mort en 1983, lorsque Mitterrand a choisi la rigueur. Une parenthèse qui n’a jamais été fermée".

Macron, héritier d'un "socialisme qui n’est pas le socialisme". L’essayiste estime qu’Emmanuel Macron est devenu l’héritier de ce parti. "Il est le candidat de ce socialisme là, mais décomplexé. Depuis 1983, les socialistes nous disent qu’ils sont socialistes mais ils gouvernent comme on sait. Ils ont fait de telle sorte que le Front national est passé de moins de 1% en 1981 à plus de 25% aujourd’hui". "Avec Macron,  les choses sont clairement assumées", assure Michel Onfray. "Le socialisme n’est pas le socialisme mais l’une des modalités de la gestion du capitalisme libéral".

Enfin, le philosophe, qui se revendique toujours comme un homme de gauche et qui, par le passé, a pu soutenir Jean-Luc Mélenchon, refuse de trancher pour cette élection. "Je ne soutiens plus personne, je soutiens des idées, parce que ces gens-là renoncent souvent à leurs idées", conclut-il.