Dominique de Villepin était l'invité d'Europe Matin jeudi. 4:52
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Laura Laplaud , modifié à
La guerre se poursuit en Ukraine et la Russie semble parfois en difficulté. Selon plusieurs médias américains, Moscou aurait demandé à Pékin de lui venir en aide militairement. Invité d'Europe Matin jeudi, l'ancien Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Dominique de Villepin est revenu sur ce rapprochement militaire sino-russe.
INTERVIEW

Au 22e jour de l'invasion russe en Ukraine, certains pays apparaissent désormais comme capables de peser sur chacun des camps pour obtenir une médiation sérieuse. C'est le cas de Chine, qui a d'ailleurs été sollicitée par la Russie pour lui venir en aide militairement. Reste à savoir ce que la Chine pourrait fournir comme aide et quels pourraient être les liens de ce nouvel alignement. "La difficulté des Russes les conduit à rechercher des soutiens", a expliqué l'ancien Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, sur Europe 1.

La Chine peut-elle devenir l'alliée de la Russie dans cette guerre ?

Ce partenariat entre la Chine et la Russie inquiète car nul ne sait jusqu'où Vladimir Poutine est prêt à aller. "La Chine est devant un choix majeur", a estimé Dominique de Villepin pour qui "le monde peut se couper en deux" ou bien entrer en négociations.

Pour l'ancien ministre des Affaires étrangères, Vladimir Poutine est face à un double problème pour son effort de guerre. D'une part, il ne dispose que de "150.000 hommes sur le terrain et ne possède pas beaucoup de capacités supplémentaires". D'autre part, pour nourrir cet effort de guerre, "il a besoin d'appuis financiers et la Chine est le seul principal allié et partenaire", a-t-il détaillé.

"Nous avons vu ce rapprochement entre la Russie et la Chine au fil des dernières années et c'est sans doute un des échecs de la diplomatie occidentale que d'avoir permis une telle dérive", a déploré Dominique de Villepin. Juste avant l'invasion russe en Ukraine, la Chine avait soutenu l'idée d'un "partenariat sans limites" avec la Russie, indiquant alors qu'un front anti-Occident pouvait se former.

Un nouveau rideau de fer ?

L'ancien Premier ministre l'assure "l'enjeu diplomatique n'est pas seulement l'enjeu des négociations, c'est l'enjeu du monde de demain". "Est-ce que nous rentrons dans une période où un nouveau rideau de fer va s'abattre sur la planète avec des conséquences encore plus grandes parce qu'il coupera le monde en deux ou est-ce qu'au contraire, nous sommes capables de forcer en quelque sorte l'Histoire et de pousser la Chine à la négociation et à des relations plus apaisées ?", s'est questionné Dominique de Villepin.

Par les sanctions imposées à Moscou, Paris doit montrer "qu'il n'y a pas d'avenir à la stratégie qui a été choisie". "L'Ukraine ne sera pas russe, Vladimir Poutine ne peut pas gagner cette guerre", s'est-il exclamé.

La Chine va-t-elle apporter aveuglement son soutien ? Pour le moment rien n'est sûr. Pékin s'est d'ailleurs abstenu lors de la réunion des Nations unies, "le signe de son embarras stratégique", selon l'ancien Premier ministre. De son côté, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian, a nié ces accusations.