Ludosky Mouraud Nicolle Gilets jaunes 1280 AFP 3:57
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Pauline Jacot, avec Victor Dhollande-Monnier, édité par Thibaud Le Meneec , modifié à
Radicales ou tournées vers le monde politique, les figures des "gilets jaunes" se déchirent sur la suite à donner au mouvement de contestation, à quatre mois des élections européennes. 

Plus de deux mois d'existence et toujours pas de porte-parole. Depuis le premier acte de la mobilisation, le 17 novembre, les "gilets jaunes" ont mené leur contestation sans leader clairement revendiqué et assumé. Pourtant, des personnalités ont émergé sur le terrain et dans les médias. Des hommes et des femmes dont on connaît désormais les noms, comme Éric Drouet, Maxime Nicolle ou Jacline Mouraud. Surtout, le mouvement est moins unitaire que jamais. 

Drouet et Nicolle se détachent. Il y a aujourd'hui deux courants. D'abord, il y a ceux qui veulent passer à l’étape d’après, qui sont plus investis dans le Référendum d’initiative citoyenne (RIC), les réunions publiques et pourquoi pas la création d’une liste aux élections européennes.

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En face, il y a les purs et durs, la frange radicale qui fait le plus de bruit sur les réseaux sociaux, où le mouvement est né. Deux noms se détachent très clairement : Eric Drouet, avec 300.000 abonnés, et Maxime Nicolle, qui a propagé plusieurs fausses informations, avec 160.000 abonnés.

"Nuit jaune" et grève générale. Ils sont présents depuis le début et s’affichent clairement pour les blocages. Et veulent aller encore plus loin, manifester la nuit aussi, un jusqu'au boutisme exprimé une nouvelle fois la semaine dernière par Maxime Nicolle : "Il y a eu l'idée de casser les radars, de couper le courant. Maintenant, il y a l'idée de faire un samedi et un dimanche, en nocturne, pour fatiguer les forces de l'ordre."

L'autre figure de cette partie radicale du mouvement, Éric Drouet, chauffeur routier à Melun, a lui aussi exprimé sa volonté d'une "nuit jaune" après avoir appelé à "rentrer à l'Élysée". L'objectif commun de ces deux figures des "gilets jaunes" est de renverser le gouvernement en multipliant les actions. Ils appellent désormais à une grève générale à partir du 5 février.

Mouraud veut l'arrêt des mobilisations sur les ronds-points. Les "gilets jaunes" moins radicaux sont de moins en moins en phase avec eux. "Il faut passer à un autre mode d'action, créer un parti politique pour continuer à se faire entendre, ça en fait partie. Continuer à manifester le samedi convoque la casse", affirme la Bretonne Jacline Mouraud, qui s'est fait connaître en partageant un coup de gueule sur la politique fiscale du gouvernement. "J'aimerais demander à Éric Drouet et Maxime Nicolle quelles sont leurs intentions réelles à convoquer des manifestations tous les samedis."

Aujourd'hui, Jacline Mouraud se dit menacée tous les jours par la partie radicale des "gilets jaunes". Depuis qu’elle a déposé les statuts de son nouveau parti, "Les Émergents", elle n’a plus le même poids qu’au début. Une partie de ses soutiens lui a tourné le dos, en lui reprochant d’être plus sur les plateaux télé que sur les ronds-points.

Le compromis de Ludosky. Une seule personnalité arrive à concilier volonté de peser politiquement ailleurs que sur le terrain et popularité auprès des contestataires : Priscillia Ludovsky, l'auteure de la première pétition pour demander la baisse des prix à la pompe. L'auto-entrepreneuse de Seine-et-Marne, qui a fustigé le "grand débat national" et qui a pris ses distances avec Éric Drouet, a décidé de faire des conférences pour défendre son point de vue et sa ligne. La semaine dernière, elle a été entendue par le Conseil économique, social et environnemental. Jeudi soir, elle sera notamment aux côtés d'Étienne Chouard, Monsieur RIC et soutien passé d'Alain Soral, le polémiste condamné à de multiples reprises pour antisémitisme. 

Mission impossible pour les européennes ? Parmi ces différentes lignes, une liste "gilets jaunes" aux élections européennes peut-elle voir le jour ? C'est en tout cas la volonté d'Hayk Shahinyan qui a lancé ce projet en grandes pompes à Marseille il y a un mois. La cagnotte mise en place par ses soins a rapporté, selon nos informations, environ 90.000 euros. C'est trop peu pour lancer une campagne, d'autant plus que l'échéance de mai arrive à grands pas. Le discours est le même chez Jacline Mouraud. Ces figures se tournent désormais vers les municipales en 2020, un scrutin plus adapté à leurs revendication et  sur lesquelles ils pensent peser davantage.