L'ogre Macron veut manger les électeurs de la gauche et de la droite

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Antonin André, chef du service politique d'Europe 1 , modifié à
Emmanuel Macron ne participe pas à la primaire de la gauche mais fait tout pour la perturber. Le fondateur d'"En marche !" veut aussi défier Marine le Pen sur ses terres.

Hold-up sur la primaire de la gauche ! Emmanuel Macron est pris en flagrant délit de braquage. Le butin ? Les électeurs socialistes. Consciencieusement, depuis la rentrée, il laboure les bastions historiques de la gauche : Nevers, Clermont-Ferrand, ce week-end Lens et un grand meeting à Lille. Son but : torpiller la primaire de la gauche et détourner l’électorat socialiste à son profit. Et ça prend ! On le voit concrètement dans les salles qu’il remplit, mais on le mesure aussi dans les études d’opinion, Emmanuel Macron séduit entre 30 et 40% des électeurs de François Hollande au premier tour de 2012.

L’électorat anti-système. Deuxième mouvement qu’il est en train d’amorcer : il va défier Marine le Pen. À Hénin-Beaumont d’abord où il se rendra vendredi, et en février à Lyon où il tiendra meeting le même jour que la présidente frontiste. C’est bien vu, Non seulement il poursuit la conquête à gauche : le réflexe anti-Le Pen, mais il s’adresse aussi à l’électorat anti-système. Emmanuel Macron est en train de structurer, et c’est nouveau, son offre politique.

Un duel Macron-Le Pen. L’ancien protégé de François Hollande installe l’idée du duel, d’une confrontation Le Pen-Macron. D’autant que les centristes, un peu refroidis par François Fillon, regardent vers lui. Mercredi, François Bayrou a donné l’impression d’une digue de plus en plus haute entre François Fillon et lui, alors que dans le même temps il s’est montré attentif, à l’écoute d’Emmanuel Macron. "J’attends de voir son projet". C’est nouveau ! Il faut se rappeler de François Bayrou fustigeant "l’hologramme Macron, instrument de très grands intérêts financiers". Les attaques d’hier se sont muées en déclaration d’intérêts.

La tectonique des plaques politiques s’est mise en mouvement sous l’effet Macron, candidat qui suscitait la moquerie hier, et qui aujourd’hui fait peur à ses adversaires. C’était perceptible aux vœux de François Fillon, l’hypothèse Macron revenait dans toutes les conversations entre Républicains.