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avec AFP , modifié à
Après une conférence à l'université de Lille, en présence de Jean-Luc Mélenchon, annulée mercredi, une nouvelle conférence du leader de la France Insoumise a Lille a été interdite par la préfecture ce jeudi, a annoncé LFI. La préfecture invoque un risque de "trouble à l'ordre public".

La conférence de Jean-Luc Mélenchon sur la Palestine, prévue jeudi soir avec la militante franco-palestinienne Rima Hassan et contestée par une partie de la classe politique, a été interdite par la préfecture du Nord, qui invoque un risque de "trouble à l'ordre public". La conférence, qui devait initialement se tenir à l'université de Lille, avait déjà été interdite une première fois, l'université craignant que la montée des tensions internationales ne permette pas de garantir "la sérénité des débats", après la récente attaque de l'Iran contre Israël.

Mélenchon dénonce "un abus de pouvoir de république bananière"

Le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a dénoncé jeudi "un abus de pouvoir de république bananière" après l'interdiction par la préfecture du Nord de la conférence sur le Proche-Orient qu'il devait tenir dans la soirée à Lille avec la candidate aux élections européennes Rima Hassan.

"Encore interdit de réunion. Hier l'université. Mais aujourd'hui la préfecture et dans un lieu public ouvert. (...) Nous interdire de réunion au prétexte de notre sujet est un abus de pouvoir de république bananière", a déploré Jean-Luc Mélenchon, lui-même présent symboliquement à l'avant-dernière place de la liste conduite par Manon Aubry.

Des craintes de débordements sur la voie publique

Selon un communiqué de la préfecture, "des appels à la mobilisation lancés par plusieurs organisations" pourraient entraîner "des rassemblements, des attroupements et des heurts sur la voie publique, dans un climat de tensions géopolitiques accrues".

Elle souligne en outre que les forces de sécurité sont déjà fortement mobilisées jeudi par le plan vigipirate "urgence attentat", le match de coupe d'Europe Lille-Aston Villa et une commémoration du soulèvement du ghetto de Varsovie à la synagogue de Lille. Enfin, elle considère que la salle privée réservée in extremis pour l'évènement, limitée à 328 personnes, ne permet pas d'accueillir le public attendu en toute sécurité.

"Cet acharnement contre La France insoumise est totalement intolérable. En pleine campagne électorale, la décision d'annuler un évènement public auquel doivent participer des membres de l'opposition politique est un précédent extrêmement grave pour notre démocratie", a réagi LFI dans un communiqué.

"Lâches"

Le parti de Jean-Luc Mélenchon annonce avoir déposé une demande en préfecture pour "un rassemblement public avec une prise de parole de Jean-Luc Mélenchon contre la censure et pour la paix" jeudi à 18h30 dans le sud de la ville. Depuis le début de la semaine, plusieurs élus, comme la député macroniste Violette Spillebout, le parlementaire RN Sébastien Chenu et le président LR des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, avaient réclamé l'interdiction de cette conférence.

Objet des critiques, notamment, le logo de l'association étudiante organisatrice, "Libre Palestine", qui montre un territoire englobant Israël, la Cisjordanie et la bande de Gaza. Une manière de "nier l'existence de l'État d'Israël" pour certains, dont la tête de liste des socialistes aux européennes, Raphaël Glucksmann. Dans un communiqué, l'association assure que son logo "ne nie en aucun cas l'existence d'Israël" et ajoute n'avoir "jamais promu la haine ou proféré des propos antisémites".

En meeting mercredi soir à Roubaix, devant 1.200 personnes selon les organisateurs, Jean-Luc Mélenchon avait fustigé les "lâches qui ne sont pas capables de défendre la liberté", en réaction à l'interdiction de la conférence dans les locaux de l'université.

"Débat ridicule"

"Tous ceux qui ne sont pas absolument d'accord avec le massacre sont immédiatement des antisémites", avait-il ajouté. LFI a fait de la dénonciation des opérations israéliennes à Gaza l'un des principaux axes de sa campagne pour les élections européennes du 9 juin. "Interdire une conférence au nom de ce petit logo, je trouve que c'est vraiment un débat ridicule", avait pour sa part commenté à l'issue du meeting Rima Hassan, septième sur la liste LFI pour les européennes.

Cette dernière a dans le passé dit défendre la solution d'un "État binational" alors que LFI est, elle, en faveur de la solution à deux États comme l'immense majorité de la classe politique. Celle qui qualifie Israël d'"entité coloniale fasciste", dit maintenant s'inscrire, en tant que "responsable politique", "dans le cadre de deux États côte à côte".

De nombreux cadres de gauche, du NPA au PS, ont eux aussi critiqué la décision de l'université, y compris certains responsables en désaccord avec les Insoumis sur la question israélo-palestinienne. Nantes, Créteil, Nanterre, Clermont-Ferrand... Jean-Luc Mélenchon a multiplié ces dernières semaines les conférences dans les universités, où il reçoit à chaque fois un accueil enthousiaste des étudiants.