Les politiques sont de plus en plus nombreux à utiliser Telegram

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Emmanuel Macron, le ministre de l'Economie, est l'un des membres du gouvernement a utiliser Telegram. © JACQUES DEMARTHON / AFP
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R.Da.
Alors que l'Intérieur cherche à neutraliser Telegram, cette messagerie très prisée des terroristes, les politiques, et notamment les membres de l'exécutif, sont toujours plus nombreux à s'en servir.

En cette période de risque terroriste maximum, les services de sécurité veulent un accès aux données chiffrées. La France et l'Allemagne espèrent obliger les opérateurs de messageries cryptées à coopérer avec les états de l'Union. Bernard Cazeneuve et son homologue allemand se sont entretenus mardi à ce sujet ; dans leur collimateur, l'application Telegram, très utilisée par le groupe Etat islamique, mais aussi par les hommes d'affaires et les politiques pour pouvoir discuter en toute tranquillité.

Une garantie de confidentialité. Dans l’absolu, Telegram n’a rien de scandaleux, c’est une application russe de chat gratuite comme il en existe des dizaines aujourd’hui, à l’image de Skype ou Facebook Messenger. Mais Telegram progresse rapidement auprès des utilisateurs car elle mélange la rapidité de WhatsApp, l’actuel leader du marché, au côté secret et éphémère de Snapchat. Telegram garantit la confidentialité des conversations et de sa position GPS grâce à un cryptage similaire à celui utilisé par la NSA. Un assurance du secret qui a séduit de nombreux politiques en France à l’approche des échéances électorales de 2017, ainsi que le révèle mercredi Le Canard enchaîné.

De plus en plus de ministres. Ironie du sort, des acteurs de premier plan quant à la lutte contre la menace djihadiste seraient aussi de fervents utilisateurs de cette messagerie russe. Cet été le garde des Sceaux en personne, Jean-Jacques Urvoas, se serait converti, indique l’hebdomadaire. Des proches du ministre de l’Intérieur utiliseraient également l’application, comme sa conseillère spéciale Marie-Emmanuelle Assidon, même si Bernard Cazeneuve lui-même n’aurait pas encore franchit le pas. Christian Sainte, le patron du 36 Quai des Orfèvre s’en servirait, à l’image de son prédécesseur Frédéric Péchenard, devenu le bras droit de Nicolas Sarkozy.

Autres membres de l’exécutif à utiliser Telegram selon Le Canard : Juliette Méadel, secrétaire d’Etat chargée de l’Aide aux victimes et Emmanuel Macron, le ministre de l'Economie.

Des opposants méfiants. À gauche du PS, où l’on s’arme contre François Hollande en vue de 2017, on trouve également de fervents adeptes de Telegram. Au moins deux candidats déclarés à la primaire auraient rejoint l’application, Benoît Hamon et Arnaud Montebourg, de même qu’Aquilino Morelle, l’ancien conseiller spécial du président de la République et désormais l’un des soutiens du chantre du made in France. Chez les autres opposants de gauche au gouvernement, Jean-Luc Mélenchon et l’ensemble de ses proches communiqueraient également de manière cryptée.

Du côté des Républicains, François Fillon serait pour l’heure le seul candidat à la primaire de la droite et du centre à utiliser Telegram, souligne Le Canard enchaîné. François Bayrou, président du Modem, aurait également franchit le pas.

Chat échaudé… craint l’eau froide. Ils seraient nombreux également sur les bancs de l’Assemblée à communiquer via Telegram. Olivier Dussopt, Patrice Prat, Eduardo Rihan Cypel, François Lamy, Pascal Terrasse, Pascal Popelin ou Richard Ferrand à gauche, et Eric Ciotti, Thierry Mariani et Thierry Solère pour la droite, liste Le Canard enchaîné. Il faut dire qu’une enquête préliminaire a été ouverte pour savoir si le monsieur primaire des Républicains a été espionné par la DGSE en 2012, sur ordre de Claude Guéant, alors ministre de l’Intérieur.

Enfin, le FN n’est pas en reste. Wallerand de Saint-Just, le trésorier du parti mis en examen dans l’affaire du financement de la campagne des législatives de 2012, et Alain Vizier, le dir’com de Marine Le Pen, communiqueraient aussi via Telegram.