Les Constructifs se cherchent un avenir

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Le co-fondateur des Constructifs, Thierry Solère, est favorable à la création d'un nouveau parti. © Martin BUREAU / AFP
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Le groupe était en séminaire mercredi et jeudi, afin de réfléchir à la suite. Entre créer un nouveau parti ou revenir à leurs familles politiques d'origine, ces députés de la droite et du centre marchent sur une ligne de crête.

En politique, tout est souvent affaire d'espace. À trouver, à combler, puis à occuper solidement pour s'arrimer un électorat. Quel espace existe-t-il pour les Constructifs, ces députés issus de LR et des partis centristes qui ont décidé d'être dans l'opposition "et en même temps" bienveillants avec le nouveau gouvernement ?

C'est toute la question qui devait être tranchée par les principaux intéressés, mercredi et jeudi, lors de leur séminaire de rentrée à Trouville. Composé d'une trentaine d'UDI et d'une douzaine de LR, le groupe a envisagé plusieurs options, sans parvenir à trancher.

Créer un nouveau parti ? La première, c'est la création d'un nouveau parti politique. Thierry Solère, ancien monsieur primaire de LR et cofondateur du groupe, l'avait évoqué à plusieurs reprises ces derniers jours. "On va se fédérer", promettait-il dimanche sur BFM TV. "Il y en a qui pensent qu'il existe un espace politique considérable et qu'il faut donc aujourd'hui créer une formation politique." Lui-même a des mots très durs à l'endroit de Laurent Wauquiez, probable futur président des Républicains, qu'il considère comme le "fossoyeur de la droite". Et ne semble plus très attaché à son ancienne famille. "Je ne me reconnais plus du tout dans cette formation politique qui passe son temps à critiquer des choses qu'elle réclamait elle-même avant", a-t-il asséné sur BFM TV.

Ni union ni leader. Avant lui, Jean-Christophe Lagarde, président de l'UDI, avait évoqué sur France Inter la création "d'un grand mouvement de centre et de droite progressiste". "Il faut travailler à une formation rassemblant la droite et le centre comme notre groupe a su le faire", a-t-il confirmé mercredi. "Ça me paraît la seule façon de répondre aux Français qui, sans se reconnaître chez Emmanuel Macron, ont participé à son élection, souhaitent la réussite du pays, peuvent parfois être satisfaits des réformes (Code du travail ou éducation nationale), parfois regretter telle ou telle initiative."

" Il faut travailler à une formation rassemblant la droite et le centre comme notre groupe a su le faire. "

Le problème, c'est que créer un parti reste très compliqué. D'abord, parce que tout est toujours compliqué avec des centristes divisés en une multitude de chapelles, du Nouveau Centre de Philippe Vigier au Parti radical d'Yves Jégo. Ensuite, parce qu'aucune tête ne se détache clairement pour prendre la tête d'une hypothétique formation politique. "Créer un nouveau parti, très bien, mais avec qui ? Et sans leader affirmé !", s'est interrogé Yves Jégo mercredi. "Je suis dubitatif."

Un ralliement improbable. Seconde option : rallier la République en marche! Quatre LR l'ont fait de facto en acceptant d'entrer au gouvernement : Edouard Philippe, Bruno Le Maire, Gérald Darmanin et Sébastien Lecornu. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'État auprès du ministre des Affaires étrangères et lui-même ex-apparenté LR, a "tendu la main" à ses anciens camarades qui seraient tentés de les imiter, mardi dans L'Opinion. "Rejoignez-nous", leur a-t-il lancé.

Mais là encore, cette option est loin de faire l'unanimité. Toujours dans L'Opinion, Jean-Christophe Lagarde s'est agacé de l'attitude de la majorité REM qui, selon lui, n'adopte pas suffisamment d'amendements présentés par les Constructifs sur les différents textes de loi. "Rien de ce que nous avons défendu n'a été pris en considération, la majorité est aux ordres, le groupe REM est plus corseté que ne l'étaient les communistes", a-t-il pesté. Difficile d'imaginer, dans ces conditions, que le leader de l'UDI accepte de rallier le groupe des macronistes. Les Constructifs ne donnent "aucun chèque en blanc au gouvernement", a confirmé Thierry Solère mercredi.

Entre-deux. En attendant une clarification, les Constructifs ont donc décidé de rester dans un entre-deux assez flou. Il s'agit à présent de "fédérer" des "initiatives d'union de la droite et du centre, pour faire en sorte que demain, nous puissions, au-delà même des différents groupes parlementaires, peser dans le débat public, peser dans les différentes élections", a expliqué mercredi Franck Riester, député LR de Seine-et-Marne. Reste qu'en dépit de ce qu'assure Thierry Solère, l'espace politique dédié aux Constructifs est mince entre l'OPA de la REM sur le centre-droit et des Républicains qui se serrent les coudes malgré la candidature contestée de Laurent Wauquiez.

" Chez Les Constructifs, il reste une demi-douzaine de LR qui se regardent en chien de faïence et se demandent ce qu'ils foutent là. "

D'ailleurs, de leur côté, on anticipe (et espère) un rapide retour au bercail des brebis égarées. "Le groupe Constructifs est très marqué par l'UDI. Il y a plus d'élus UDI, cela fonctionne avec les collaborateurs de l'UDI… En réalité, il reste une demi-douzaine de LR qui se regardent en chien de faïence et se demandent ce qu'ils foutent là", croit savoir un jeune député resté au sein du groupe historique. Qui souligne que "la porte est toujours ouverte" pour réintégrer les Constructifs repentis.