Le soutien de Valls à Macron redonne des couleurs à Fillon

Pour François Fillon, le soutien de Manuel Valls à Emmanuel Macron est une aubaine.
Pour François Fillon, le soutien de Manuel Valls à Emmanuel Macron est une aubaine. © ERIC FEFERBERG / AFP
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M.B.
Le choix de l'ancien Premier ministre donne du poids à un argument massue de François Fillon : Emmanuel Macron ne serait que l'héritier du quinquennat.

Comme une éclaircie au milieu du déluge qui viendrait illuminer la place du Trocadéro un dimanche de manifestation de soutien. Alors que François Fillon est toujours englué dans les affaires –sa femme, Penelope, a été mise en examen mardi pour "complicité et recel de détournements de fonds publics, complicité et recel d'abus de bien sociaux et recel d'escroquerie aggravée"- et plafonne à la troisième place dans les sondages, la gauche vient de lui servir sur un plateau une raison de se réjouir.

Un argument renforcé.La défection de Manuel Valls, qui a publiquement annoncé qu'il voterait Emmanuel Macron dès le premier tour plutôt que le vainqueur de la primaire de son camp, Benoît Hamon, vient renforcer l'un des principaux arguments de François Fillon et ses soutiens. Depuis des semaines en effet, la droite s'échine à démontrer que le fondateur d'En Marche! n'est que l'héritier de François Hollande. Et que voter pour lui revient à choisir de poursuivre le quinquennat pour cinq ans supplémentaires.

Le candidat "recyclé". Le coordinateur de la campagne de François Fillon, Bruno Retailleau, n'a pas manqué de sauter sur l'occasion. "Le sens de la candidature d'Emmanuel Macron s'éclaircit", a-t-il déclaré dans un communiqué, mercredi. "En Marche! est bien une machine à recycler le socialisme et à permettre à tous ceux qui ont gouverné avec François Hollande de se maintenir au pouvoir." L'élément de langage s'est très vite propagé. "Monsieur Macron n'est autre que le candidat recyclé du système Hollande-Valls", s'est insurgé Eric Ciotti sur LCP.

"Macron, c'est Hollande". "Toute l'équipe de François Hollande est autour d'Emmanuel Macron", a renchéri, non sans exagérer, François Fillon lui-même en marge d'une réunion au Conseil supérieur du notariat. "C'est ce que j'ai toujours dit, Emmanuel Macron c'est François Hollande." À droite, on fait le pari que ce soutien de Manuel Valls plombera tout le monde : Benoît Hamon, en actant que le PS n'est pas derrière le candidat socialiste et en parsemant les voix à gauche ; Emmanuel Macron, en jouant un effet repoussoir sur les électeurs de droite qui seraient tentés par un vote plus au centre.

L'ancien ministre de l'Économie arrive encore à ne pas passer pour (entièrement) comptable du bilan du quinquennat, notamment parce qu'il en a claqué la porte et n'a pas été adoubé par le chef de l'État. Manuel Valls, en revanche, a figuré au sein du gouvernement depuis le 6 mai 2012, faisant bloc derrière le président jusqu'à ce que celui-ci décide, finalement, de ne pas se représenter. Impossible, dans ce contexte, ne pas porter la marque du quinquennat. "Valls, c'est le baiser de la mort pour Macron", s'amuse Valérie Pécresse dans le JDD