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Louise Sallé et Victor Chabert, édité par Juliette Moreau Alvarez , modifié à
Le ministre de l’Éducation nationale Pap Ndiaye a fait part de sa volonté de lutter contre les stéréotypes et les inégalités filles-garçons à l'école, et dès le plus jeune âge. Un travail qui fait écho aux "ABCD de l'égalité" une expérimentation de 2013-2014 qui avait déjà mis le feu aux poudres à l'époque.

Le ministre de l'Éducation nationale Pap Ndiaye pourrait faire de la lutte contre les inégalités filles-garçons l'une des priorités de son mandat. Il planche sur cette question avec Isabelle Rome, ministre déléguée en charge de l'Égalité entre les femmes et les hommes. Un travail interministériel est en cours et des annonces devraient être faites en octobre. L’objectif de cette démarche est de mieux prévenir les violences sexistes et sexuelles. Dès le plus jeune âge, cela pourrait se traduire par une lutte active contre les stéréotypes et les inégalités filles-garçons. Quelque chose qui a déjà été fait par le passé mais qui a échoué : les "ABCD de l’égalité".

Une "lutte contre les stéréotypes de genre"

Les "ABCD de l'égalité" sont une expérimentation menée en 2013/2014 menée par les ministres de l'Éducation de l'époque, Vincent Peillon puis Benoit Hamon, et de la ministre des droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem. Au programme de cette initiative, des textes, des chansons et des documents diffusés auprès de professeurs en classe de maternelle et élémentaire dans 600 établissements.

L'objectif revendiqué est de combattre dans toutes les disciplines les idées reçues. Un garçon a le droit de jouer à la poupée et une fille peut taper dans un ballon. Pour les professeurs d'EPS par exemple, des fiches indiquaient comment ne pas laisser les filles ou les garçons s'auto enfermer dans certaines pratiques sportives. Selon leurs concepteurs, ces abécédaires visaient à détruire les stéréotypes le plus tôt possible, pour plus de mixité ensuite au moment des choix d'orientation. 

D'après l'Inspection générale, les enseignants ont apprécié l'expérience malgré quelques défauts. Néanmoins, les documents étaient très variés, désorganisés et manquaient d'unité. Autre point faible pointé par l'Inspection dans son rapport : la communication autour des "ABCD de l'égalité". Le mot "genre" dans l'expression "lutte contre les stéréotypes de genre" a été très mal perçu. Le texte mentionne qu'il aurait fallu privilégier l'expression "lutte contre les inégalités filles-garçons".

Une initiative déjà fortement critiquée par le passé

Le mot "genre", c'est ce qui a mis le feu aux poudres, créant une vraie crise politique et sociétale dont les spectres peuvent ressurgir. À l'époque, la droite et une partie de la gauche universaliste avaient dénoncés ces "ABCD de l'égalité". Ils y voyaient une tentative d’indifférenciation entre les garçons et les filles, ou encore l'apprentissage aux enfants que l'identité sexuelle est une construction sociale, niant toute réalité biologique. Ils dénonçaient le début de l'arrivée de la théorie du genre à l'école.

Sous pression, notamment de la Manif pour tous, le gouvernement Valls a enterré la campagne. À son arrivée rue de Grenelle en 2017, Jean-Michel Blanquer a quant à lui déclaré que "Tels que ces ABCD étaient faits, ils n'étaient pas bons", et les avaient même jugés "inutiles". Aujourd'hui, c'est un changement de ligne complet pour le controversé Pap Ndiaye. En souhaitant relancer des concertations pour lutter contre les stéréotypes de genre, le ministre de l’Éducation Nationale Pap Ndiaye reprend une sémantique issue de la gauche dite "woke" et des associations LGBT, tout en rouvrant un dossier explosif.