"Lâcheté" des juges : les explications de Hollande à la magistrature

François Hollande a reçu les deux plus hauts magistrats de France pour tenter de s'expliquer.
François Hollande a reçu les deux plus hauts magistrats de France pour tenter de s'expliquer. © AFP
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Alain Acco avec M.Du , modifié à
Le président de la République a reçu mercredi soir à l'Elysée les deux plus hauts magistrats de France après ses propos rapportés dans un livre sur la "lâcheté" de l'institution judiciaire.
INFO EUROPE 1

La magistrature, "une institution de lâcheté". Voilà ce que dit François Hollande dans le livre Un président ne devrait pas dire ça... des journalistes du Monde Fabrice Lhomme et Gérard Davet. Des propos qui ont mis en colère l'institution judiciaire. Cette dernière, représentée par le premier président et le procureur général de la Cour de cassation, Bertrand Louvel et Jean-Claude Marin, a rencontré le président de la République mercredi soir à l'Elysée.

Selon les informations d'Europe 1, François Hollande, lors de cet entretien qui a duré à peine plus d'un quart d'heure et s'est déroulé dans un climat glacial, n'a pas cherché à démentir ses propos. Le chef de l'Etat était accompagné de son ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas, mais aucun conseiller n'était présent. 

Les explications de François Hollande. S'il n'a donc pas démenti ses propos, le chef de l'Etat a tenté de les expliquer, en disant en substance : ne me jugez pas sur une conversation maladroite avec des journalistes. Jugez moi plutôt sur ce que j'ai fait et dit publiquement depuis mon élection, c'est-à-dire pas la moindre intervention sur le cours de la justice, pas la moindre demande d'information sur des enquêtes en cours et jamais la moindre mise en cause publique du fonctionnement de la justice et des magistrats.

Un entourage effondré. L'entourage du président est tout de même effondré par les propos rapportés par les journalistes qui viennent ruiner, nous dit-on, cinq ans de pratique irréprochable. Un exemple est ainsi mis en avant, celui de Jacqueline Sauvage, condamnée à dix ans de prison pour avoir tué son mari violent, et qui a bénéficié d'une grâce partielle du président de la République. Pour l'entourage de François Hollande, celui-ci avait tout intérêt politiquement à lui accorder une grâce totale mais il ne l'a pas fait pour respecter l'institution judiciaire. 

Néanmoins, les explications du chef de l'Etat n'ont pas calmé la colère des deux hauts magistrats. Ils doivent prononcer jeudi, à la Cour de cassation, un discours en réponse à ces déclarations.