La relation Macron-Sarkozy : du coup de foudre des débuts au point de rupture du Covid

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Antoine Terrel , modifié à

Sur Europe 1, la journaliste Nathalie Schuck a présenté son nouveau livre, "Chérie, j'ai rétréci la droite", écrit avec son confrère Olivier Beaumont, dans lequel ils se penchent sur la relation entre Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron. Mais plus qu'une amitié, il s'agit bien pour les deux hommes d'une complicité intéressée, précise-t-elle. 

C'est l'histoire d'une complicité inattendue, et qui pourrait ne pas être exempte de conséquences politiques. Dans leur livre Chéri, j'ai rétréci la droite, les journalistes du Parisien et du Point Olivier Beaumont et Nathalie Schuck se penchent sur la surprenante relation liant l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy et l'actuel chef de l'Etat Emmanuel Macron. Nathalie Schuck, invitée jeudi d'Europe 1, livre quelques clés pour comprendre le lien unissant ces deux présidents.

Avant l'arrivée au pouvoir de l'ex-ministre de François Hollande, les deux hommes ne se connaissaient pas, indique Nathalie Schuck, rappelant qu'au début du quinquennat, Emmanuel Macron avait d'ailleurs "plutôt un à priori assez négatif sur Nicolas Sarkozy". Mais leur première rencontre l'a séduit. "Il a confié à un de ses proches : 'Ton pote, il a des intuitions fulgurantes'", raconte-t-elle. 

"Une espèce de coup de foudre absolu"

C'est le début d'une entente bien plus que simplement cordiale. "Au début du quinquennat, c'est une espèce de coup de foudre absolu entre deux personnalités relativement narcissiques, qui aiment bien casser les codes, et qui sont très tactiles", décrit Nathalie Schuck. "Ils plaisantent énormément tous les deux." Le livre relate ainsi un voyage partagé en avion pendant lequel "ils rigolent comme des fous, déclament tous les deux les tirades entières des Tontons flingueurs, refont leur gouvernement et éclatent de rire à la stupéfaction des ministres présents".

Mais qu'on ne s'y trompe pas. Sur Europe 1, la journaliste du Point rappelle bien que les deux hommes ne sont pas amis, et que leur complicité n'est pas sans calcul. "Tous les deux pensaient avoir un intérêt à essayer d'utiliser l'autre", précise Nathalie Schuck. "Emmanuel Macron pour fracturer la droite et Nicolas Sarkozy, pour continuer à peser". 

L'épidémie de Covid, "le point de rupture"

D'ailleurs, après l'idylle des premières années, la relation Macron-Sarkozy s'est rafraîchie, notamment au plus fort de la crise de l'épidémie de Covid-19. "C'est l'épisode le plus compliqué de leur relation, le point de rupture", assure l'invitée d'Europe 1. A ce moment là, "les critiques de Nicolas Sarkozy, très contenues au début du quinquennat, sont quasiment à ciel ouvert". En effet, l'ex-président ne retient pas ses coups. "Il dit : 'Ils sont nuls, nuls, nuls. Ils font n'importe quoi'. Sur la gestion du vaccin, il dit à tout ses visiteurs : 'Macron aurait dû me nommer monsieur vaccin, moi je serais allé chercher le vaccin comme Trump l'a fait en mettant des fonds dans la recherche privée'." Sur la gestion de crise, Nicolas Sarkozy est donc "terriblement critique", dit encore Nathalie Schuck, et aujourd'hui, "c'est tendu entre eux".

Reste que malgré ces relations plus fraîches, Nicolas Sarkozy, qui se garde bien de se mêler de près de la compétition chez LR pour désigner un candidat pour 2022, n'exclut rien pour le prochain scrutin, y compris de soutenir Macron. Car pas question pour lui d'insulter l'avenir. "Nicolas Sarkozy ira au devant de la victoire", assure Nathalie Schuck. "S'il faut soutenir Emmanuel Macron parce que c'est le mieux placé dans l'électorat de droite, il le soutiendra. S'il peut soutenir quelqu'un de son camp, il le fera aussi... Il se réserve toutes les possibilités, notamment pour une raison, c'est qu'il n'exclut pas un scénario ou Emmanuel Macron gagnerait à la présidentielle, mais perdrait les législatives, auquel cas il lui imposerait une cohabitation."