Présidentielle : la primaire populaire, un rêve purement idéaliste ?

Anne Hidalgo et Yannick Jadot
La Primaire populaire de la militante écologiste Mathilde Imer et de l’entrepreneur Samuel Grzybowski se veut une "force de propulsion et juge de paix" à gauche. © PHOTOS AFP
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Alexis Delafontaine et Solène Delinger , modifié à
À trois mois de la présidentielle, dans une gauche éclatée, seuls les militants de la primaire populaire en restent persuadés : "Notre initiative peut créer l’union et faire gagner la gauche." Une simple primaire peut-elle solutionner tous leurs problèmes ?
ANALYSE

Forte de 130.000 votants, la primaire populaire de la militante écologiste Mathilde Imer et de l’entrepreneur Samuel Grzybowski se veut une "force de propulsion et juge de paix" à gauche. Pour l’instant, seuls Christiane Taubira et Pierre Larrouturou acceptent de se soumettre au résultat de cette primaire.

Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot ont toujours pris le plus de distance possible avec cette instance de départage. De son côté, Anne Hidalgo, a longtemps cultivé l’ambiguïté. Pendant un moment, elle a souhaité y participer. Jusqu’à mardi soir, lors d’une réunion du Bureau National, une partie importante du PS poussait la maire de Paris à rejoindre l’initiative. Fataliste, l’un des participants confiait : "La primaire aura lieu et si on ne se mobilise pas, Taubira ou Mélenchon gagnera et on sera discrédité". Mais finalement, face au refus des insoumis et des écologistes, Anne Hidalgo a rejeté l’idée. Et a donc décidé de maintenir sa candidature à la présidentielle, sans passer par la case primaire.

Une primaire qui teste les candidats malgré eux

Samedi, aussi surprenant que cela puisse paraitre, Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot et Anne Hidalgo figureront sur la liste des candidats soumis au vote, et ce, contre leur gré. D’autres prétendants à l’élection suprême ne figurent pas sur la liste, comme le communiste Fabien Roussel, qui dit "s’en réjouir".

L’autre originalité de ce scrutin repose dans le système de vote : "le jugement majoritaire". La méthode est nouvelle : classer les candidatures, de la meilleure à la pire. Les électeurs donneront une appréciation à chacun des candidats : "Excellent, Bien, Passable, Insuffisant ou À rejeter." Et celui qui obtiendra le plus de vote au-dessus de la mention "passable" sera désigné grand gagnant. Du jamais vu.

Dynamiter le mur des égos

"Les égos, c’est ce qui freine la primaire", martèle-t-on chez les militants de la primaire populaire. En même temps, Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot ne veulent pas perdre l’image de leader de leur courant de pensée. Le candidat de la France insoumise incarne la gauche radicale, en guerre contre l’establishment. En 2017, il était à deux doigts de se qualifier au second tour avec presque 20 % des voix. Aujourd’hui entre 10 et 13 % dans les sondages, il est hostile à l’idée d’être mis dans la même catégorie que Christiane Taubira et Anne Hidalgo, à 3 % dans les sondages. Yannick Jadot se retrouve face à la même problématique que Jean-Luc Mélenchon. Il est déjà légitime, après avoir remporté la primaire écologiste face à Sandrine Rousseau avec 51,03 % des suffrages. Il veut clairement enraciner son mouvement dans le paysage politique français.

Deux gauches irréconciliables

"Deux gauches irréconciliables", c’est le fameux constat qu’avait fait Manuel Valls, les manifestations contre la loi travail en mars 2016. Les organisateurs de la primaire populaire sont convaincus qu’il est possible de dépasser ces clivages, mais la haine entre les deux gauches, prouve l’inverse.