La lente agonie de l’UDI

© ALAIN JOCARD / AFP
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L’Union des démocrates indépendants a débuté dans une belle indifférence un processus pour élire ou réélire son président. Signe que le parti centriste, débordé par La République en marche, est moribond.

L’UDI publie mardi la liste des candidats à la présidence du parti centriste, et il est fort à parier que cela ne fera pas les gros titres. D’abord parce que seul le sortant Jean-Christophe Lagarde sera de la partie. Ensuite, et surtout, parce que l’Union des démocrates indépendants, créée en 2012 par (et pour) Jean-Louis Borloo, vit sans doute la période la plus creuse de sa courte histoire. La faute d’abord à l’émergence de La République en marche d’Emmanuel Macron, qui a tendance à phagocyter la place politique au centre. La faute aussi à la formation elle-même, qui n’a pas su outrepasser les divisions et dégager un leader après le retrait de Jean-Louis Borloo de la vie politique en avril 2014.

"Macron occupe l’espace du centre". "L’année 2017 a été très difficile pour notre famille politique", concédait Jean-Christophe Lagarde dans Le Monde le 19 janvier. En effet, sur le plan strictement comptable, l’UDI a perdu une dizaine de députés (18 actuellement, contre 28 dans la précédente mandature) lors des dernières législatives. Allié des Républicains, le parti centriste a payé les pots cassés de l’affaire Fillon, alors qu’il s’imaginait faire partie de la future majorité au côté de l’ex-Premier ministre.

Mais c’est surtout l’émergence d’Emmanuel Macron et de sa position centrale et centriste qui a coûté cher à l’UDI. "Il occupe l’espace du centre. Dire le contraire serait mentir comme un arracheur de dents", concède Maurice Leroy, le porte-parole du mouvement, au Monde. "Mais je pense que les gens préfèrent l’original à la copie. Nous étions macronistes avant lui", veut positiver le député du Loir-et-Cher.

Tout dépend de LREM. Reste que si La République en marche reste aussi puissante, et malgré la radicalisation des Républicains version Laurent Wauquiez, l’UDI aura bien du mal à exister. "Si le macronimse continue à fonctionner comme une pompe aspirante des partis traditionnels en général et du centre en particulier, alors l’UDI est condamnée à être, ou à rester, une sorte de satellite, une forme d’opposition très marginale", explique à Europe1.fr Jean Petaux, de Science-po Bordeaux. "En revanche, si LREM se révèle être une baudruche qui ne franchit le cap des élections locales, alors l’UDI peut prospérer sur ce fonds de commerce, sur cette base d’élus locaux qu’elle possède déjà en partie", assure le politologue.  

" L’UDI a été créée par un homme, pour un homme "

De quoi sinon envisager l’avenir en rose, du moins ne pas trop broyer du noir. Sauf que la constitution même de l’UDI est un problème. Premier écueil : l’absence d’un homme providentiel. "L’UDI a été créée par un homme pour un homme. A partir du moment où Jean-Louis Borloo s’est mis en retrait de la vie politique, le mouvement a logiquement périclité", analyse Jean Peteaux, qui ne voit pas Jean-Christophe Lagarde capable de reprendre ce flambeau. "Il préfère être le premeir dans son village, rester le patron de cette TPE politique", juge le politologue.

"On est en présence de personnalités qui saisissent des occasions". Le deuxième écueil est un corollaire du premier. "L’UDI est un agglomérat de petits mouvements eux-mêmes attachés à des personnes qui étaient parvenues à se placer derrière une personnalité capable d’être candidate à l’élection présidentielle, ou au moins à être un candidat crédible", poursuit Jean Peteaux. "On est en présence de personnalités qui saisissent des occasions, qui peuvent avoir des soubresauts ponctuels, mais certainement pas structurels.

Maurice Leroy ne dit pas autre chose. "Le jour où on arrêtera de faire comme les écolos - ils sont trois, ils font quatre courants -, on pèsera davantage", grince le porte-parole du parti dans Le Monde. A ce titre, les départs récents du parti radical valoisien, parti fusionner avec le PRG, et des Centristes d’Hervé Morin, peut paradoxalement être une bonne chose. Car la cacophonie lors de l’affaire Fillon, quand l’UDI a longtemps hésité avant de se positionner (et de finalement lâcher le candidat de la droite) a montré la division du mouvement.

"Une force politique unifiée et sans chapelles". Alors Jean-Christophe Lagarde sait ce qu’il lui reste à faire. "Une force politique unifiée et sans chapelles, c’est ce que sera l’UDI à partir de 2018", jure le président du parti, qui sera reconduit à son poste à l’issue du congrès du 17 mars prochain. Une élection avec un candidat unique qui ne devrait pas alimenter outre mesure pas la chronique politique.