JO 2024 à Paris : pourquoi Emmanuel Macron "mouille la chemise"

Emmanuel Macron n'a pas ménagé ses efforts pour défendre le dossier de Paris 2024. © SEBASTIEN BOZON / AFP
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En s’engageant à fond derrière la candidature de Paris 2024, le chef de l’Etat entend montrer son dynamisme. 

Paris et Los Angeles ont passé mardi à Lausanne leur grand oral devant les membres du Comité international olympique (CIO) pour l’organisation des JO 2024. "Ce grand oral est passé. J'étais très fier d'accompagner cette équipe. La France est prête pour les Jeux, elle les attend", a commenté le président de la République, Emmanuel Macron, véritable attraction médiatique de cette journée sur les bords du Lac Léman. Si le Président a choisi de s’engager à fond derrière la candidature de Paris, c’est aussi pour en retirer quelques bénéfices personnels. Décryptage.

"La candidature de Paris colle parfaitement avec l’image qu’il veut véhiculer"

Depuis qu’il est arrivé à l’Élysée, Emmanuel Macron n’a pas ménagé ses efforts pour défendre le dossier de Paris, jusqu’à en faire une de ses priorités. Au château, il a reçu comme tous premiers invités de sa mandature la commission d’évaluation du CIO. Il n’a pas non plus ménagé ses efforts physiques, allant même jusqu’à s’essayer au tennis en fauteuil roulant et à la boxe lors des "Journées olympiques" organisées fin juin sur les bords de Seine.

"Le président de la République possède actuellement une image positive et il renvoie une photographie de la France moins morose que par le passé", décrypte Jean-Daniel Lévy, directeur du département politique-opinion d’Harris interactive. "Il n’a donc pas hésité à apporter cette énergie à la candidature de Paris et à mouiller la chemise", poursuit-il. "La candidature de Paris colle parfaitement avec l’image qu’il veut véhiculer", renchérit Arnaud Mercier, professeur de communication à Paris II Assas. "Avec Paris 2024, il affiche une image dynamique, jeune, combative, sportive,… Bref, tout ce qui constitue sa trajectoire politique. Et puis le sport n’est ni de droite ni de gauche, une autre valeur essentielle du Président".

Macron s’appuie sur le "microclimat français"

Et puis, Emmanuel Macron ne fait pas les choses par hasard. Le chef de l’Etat a bien suivi les enquêtes d’opinion réalisées auprès des Français sur le sujet. 52% des Français étaient favorables à la candidature de Pairs en 2014, 73% en 2015. Et selon le tout dernier sondage, réalisé en février dernier par Odoxa, le soutien reste quasi stable (69% d’adhésion au projet). "Les Français perçoivent beaucoup plus de répercussions positives que négatives", analyse Jean-Daniel Lévy d’Harris interactive.

Alors que de plusieurs villes comme Rome, Budapest ou encore Hambourg ont choisi de retirer leur candidature parce que leurs habitants percevaient très mal la chose, Paris est toujours restée sûre de ses ambitions. "Au milieu de cette défiance, Paris constitue une sorte de microclimat. Emmanuel Macron l’a parfaitement compris et il s’est bien engouffré dans cette stratégie", assure Jean-Daniel Lévy.

"Si on les Jeux en septembre prochain, ça sera la France qui gagne, une image que Macron a toujours mis en avant", abonde Arnaud Mercier, auteur de La communication politique (Éditions Les Essentiels d’Hermès). Et s’il gagne son pari, c’est aussi une manière de montrer que la France est de retour sur le devant de la scène mondiale. En termes de popularité, il pourrait également en retirer quelques bénéfices même si tous les politologues se gardent bien de chiffrer un quelconque gain – la popularité, selon eux, dépend de beaucoup d’autres facteurs.

"Il essaiera d’apparaître habilement détaché"

Le CIO désignera officiellement le 13 septembre à Lima la ville hôte des JO 2024 et attribuera les JO 2028 à la ville non désignée pour 2024. Et selon les dernières informations, notamment celles révélées par le Washington Post en juin dernier, Paris serait en très bonne position pour l’emporter. Mais quelle devrait être la posture du Président Macron si Paris gagnait les Jeux ? "Il devra mettre en scène politiquement le changement", explique Jean-Daniel Lévy, directeur du département politique-opinion d’Harris interactive. "Il devra montrer qu’il a été le 'petit plus' à cette candidature et bien suivre les chantiers de transformation de la ville".

Mais attention à trop de triomphalisme. Le Président ferait bien d’éviter de tirer la couverture à lui. "Il devra jouer sur l’idée de 'je récupère sans avoir l’air de le faire'", conseille le politologue Arnaud Mercier. Et de conclure : "il devra essayer d’apparaître habilement détaché". Accompagner l’organisation des Jeux sans oublier de mettre en avant les athlètes, voici peut-être le nouveau défi de l’athlète Macron.