"Je préférerais annoncer des baisses d’impôts mais il faut des leviers d’action pour le climat", affirme François de Rugy

François de Rugy réaffirme sa volonté d'appliquer les mesures engagées par Emmanuel Macron en faveur de l'environnement.
François de Rugy réaffirme sa volonté d'appliquer les mesures engagées par Emmanuel Macron en faveur de l'environnement. © Capture d'écran Europe 1
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Invité du Grand Rendez-Vous d'Europe 1, le ministre de la Transition écologique François de Rugy a justifié les hausses des taxes sur les carburants qui provoquent la colère des "gilets jaunes".
INTERVIEW

Au lendemain de la journée d'action des "gilets jaunes", le gouvernement montre sa détermination. Pas question de reculer sur la fiscalité écologique, cible de la colère des automobilistes : l'exécutif maintient les hausses de taxes sur les carburants prévues pour le 1er janvier. "Je préférerais être un ministre qui annonce des baisses d’impôts mais il faut bien avoir des leviers d’action pour le climat", assume ainsi le ministre de la Transition écologique François de Rugy, invité du Grand Rendez-Vous d'Europe 1 - CNews - Les Échos dimanche.

"Si on arrête tout, le problème resurgira". Alors que les "gilets jaunes" crient à l'injustice fiscale, François de Rugy, lui, estime que la solution choisie par le gouvernement est au contraire équitable. "Nous avons voulu donner de la prévisibilité. Nous aurions pu augmenter la taxe carbone d’un coup au début du mandat et ne plus rien faire ensuite. Nous avons préféré faire les choses progressivement", souligne le ministre de la Transition écologique. "Si on n’agit pas avec le levier de la fiscalité, cela se fait avec la réglementation, on interdit le diesel du jour au lendemain. Vous voyez bien que ce n’est pas plus juste."

François de Rugy estime que la colère des "gilets jaunes" les empêche de saisir l'ampleur du problème. "Il y a des gens qui appellent à arrêter les taxes sur les carburants. Mais si demain les prix du pétrole remontent sur les marchés mondiaux, comme c’était le cas en octobre, ce ne sera pas dû aux taxes. Et dans ce cas, qu’est-ce qu’on dira aux Français ?", demande François de Rugy. "Si on arrête tout, le problème resurgira dès que les prix du pétrole vont remonter."

Plus de pédagogie. À ce titre, le ministre de la Transition écologique réaffirme sa détermination à appliquer les mesures en faveur de l'environnement voulues par le président. "Si j’ai soutenu Emmanuel Macron, c’est parce qu’il a promis de prendre à bras le corps des problèmes laissés en plan depuis des années, comme la dépendance au pétrole et à l’essence. Notre mandat, c’est de conduire les changements et d’accompagner les Français, d’en faire des acteurs", explique François de Rugy. Il concède toutefois que si les "gilets jaunes" ont vu le jour, c'est sans doute parce qu'il n’y a "pas eu assez de pédagogie et de contact direct de la part des membres du gouvernement et je prends ma part de responsabilité".

Reste que les annonces du gouvernement avant la journée de mobilisation, notamment la création d'une "surprime" pour l'achat d'un véhicule électrique neuf, n'ont pas réussi à calmer la grogne des automobilistes. De nombreux français rechignent encore à passer à l'électrique, pour des raisons économiques ou logistiques. La solution passera peut-être par l'hybride. François de Rugy annonce ainsi sur Europe 1 que le gouvernement planche sur un bonus écologique (aujourd'hui réservé aux électriques) pour les véhicules hybrides rechargeables "autour de 2.500 euros".

Manifestations : Rugy appelle à un retour à la normale

S'il assure que le gouvernement est "à l’écoute des Français, y compris ceux qui étaient sur les routes" samedi, François de Rugy estime que les blocages doivent s'arrêter. "Avant que les manifestations aient lieu, j’avais appelé à la plus grande prudence et à la responsabilité quant à la sécurité. C’est un type de manifestation qui présente des risques importants, on l’a vu hier. Il y a un temps fort de mobilisation, il faut savoir ensuite revenir à la normale", appelle François de Rugy. "Autant le droit de manifester doit être reconnu, autant celui de se déplacer également."