clement beaune 10:22
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Alexis Patri , modifié à
Stéphane Bern et Matthieu Noël reçoivent vendredi dans "Historiquement vôtre" Clément Beaune, secrétaire d'État chargé des Affaires européennes, pour un numéro dédié aux grandes figures historiques qui ont pensé l'Europe. L'homme politique revient sur l'importance du 9 mai 1950, date de la déclaration Schuman, un texte fondateur de ce qui deviendra l'Union européenne.
INTERVIEW

Il y a de grandes chances pour que le 8 mai vous évoque l'armistice de 1945, et un jour férié ensoleillé. Mais qu'en est-il du 9 mai ? Ce jour, consacré jour de l'Europe, est celui de la déclaration Schuman, un texte clé dans la construction européenne. Une date fériée dans de nombreux pays d'Europe et que défend vendredi Clément Beaune, secrétaire d'État chargé des Affaires européennes, dans le numéro spécial Europe de l'émission de Stéphane Bern et Historiquement vôtre.

"J'aimerais bien que le 9 mai soit férié en France", explique le secrétaire d'État chargé des Affaires européennes. "Mais on risque d'avoir un petit débat avec le ministère des Finances, parce que si on fait un jour férié supplémentaire, il faut en rendre un autre."

"L'idée de l'Europe s'appuie sur des racines religieuses et culturelles"

Pour Clément Beaune, le plus important est déjà de "mieux faire connaître et comprendre l'importance du 9 mai". "Cette déclaration Schumann a été un projet incroyable", estime-t-il. "Robert Schumann est né au Luxembourg d'une mère qui avait changé de nationalité, d'un père qui avait changé une nationalité, et lui-même a changé de nationalité. Il parlait d'ailleurs plusieurs langues. Il savait ce que c'était qu'une Europe qui s'entre-déchire. Il a construit un projet qui nous permettait d'éviter ça."

Le secrétaire d'Etat estime que notre mission est aujourd'hui de renforcer ce projet. Et cela passe peut-être par un changement d'image de l'Union européenne. "L'Europe n'est pas une construction froide, elle ne sort pas du chapeau de Robert Schumann avec l'idée que d'en haut, on va imposer une sorte de grand plan", rappelle-t-il, avant d'esquisser les contours d'une culture européenne commune.

"L'idée de l'Europe s'appuie sur une culture commune, des racines religieuses et culturelles", théorise Clément Beaune. "Il n'y a pas besoin d'inventer une culture européenne. Il y a besoin de voir que nous avons un patrimoine, que nous avons une forme de familiarité entre pays européens, où l'on a la culture du café, la culture du débat politique et la culture, difficilement forgée, de la démocratie."

Il défend ainsi ce qu'il appelle "une forme d'Europe chaude", en opposition à la froideur d'une Europe "des directives et des sommets". "Non seulement ça ne parle pas à beaucoup de monde, mais cette Europe-là ennuie un peu", estime-il. Pour Clément Beaune, la construction européenne doit donc renouer avec son histoire. "On a quelque chose en commun qui s'est forgé par des centaines d'années de guerres, mais aussi d'échanges commerciaux, culturels et scientifiques", rappelle-t-il. "On est européen, sans renier aucunement le fait qu'on soit Français ou Italien, et qu'on ait aussi une identité régionale ou locale."