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William Molinié / Crédits photo : Herve Chatel / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP , modifié à
Depuis que le Conseil d'État a annulé la dissolution des Soulèvements de la Terre, le groupuscule écologiste est entré dans une phase clandestine de préparation et d’actions de sabotage des entreprises du secteur du bâtiment et de la cimenterie. Si bien que, selon les services de renseignement, "un important sentiment d’insécurité" s’est développé dans les firmes du béton.

Val-de-Reuil dans l'Eure, le 10 décembre dernier. Environ 80 activistes masqués et en combinaison blanche investissent pendant 10 minutes le site Lafarge Béton. Mousse expansive à volonté dans les réservoirs de camion, détérioration des automates, et bris de vitres… Près d’un million d’euros de préjudice.

Saint-Herblain, dans la Loire-Atlantique le lendemain. Une centaine de militants tentent à nouveau d’entrer sur le site Lafarge. Les forces de l’ordre interviennent. Mais aucun des individus présent n’a sur lui son téléphone portable ou une pièce d’identité. Impossible pour les policiers de les contrôler. Surtout, les militants refusent de se disloquer. Les forces de l’ordre ne peuvent pas les interpeller. Après quatre heures de négociation, les activistes peuvent repartir, sans même avoir fait l’objet d’un seul contrôle.

Dilution des responsabilités

Il n’aura pas fallu deux mois après que le Conseil d’État a annulé la dissolution du mouvement écologiste radical des Soulèvements de la Terre pour qu’il repasse à l’action. En prenant bien soin, dans la plus grande discrétion, de contourner et d’entraver l’action des forces de l’ordre. Dans une note récente qu’Europe 1 a pu consulter, le renseignement territorial décrypte la nouvelle stratégie du collectif qui consiste, "dans une logique de dilution des responsabilités", à tenir éloignée du terrain "la majorité des cadres à la manœuvre dans la planification et l’élaboration" des actions locales.

Plutôt que de regrouper les militants en un endroit comme à Sainte-Soline, les cadres préfèrent aujourd’hui l’action diluée partout sur le territoire. Discrètement, une série d’actions coordonnées de sabotages sur le cimentier Lafarge a été menée de façon clandestine du 9 au 12 décembre dernier. Un événement qui, selon les informations d’Europe 1, a réuni près de 2.400 personnes sur une trentaine de sites ciblés sur l’ensemble de l’Hexagone. Cela "démontre une réelle capacité de coordination et de préparation", insiste une source informée. Surtout, le renseignement français a observé que cette nouvelle organisation des "Soulèvements de la Terre" a renforcé ses propres mesures de sécurité afin de déjouer les opérations de surveillance.

Sentiment d’insécurité chez les cimentiers

Le mode opératoire est désormais bien rôdé : action éclair, combinaisons blanches pour anonymiser les activistes, saturation des dispositifs de police ou de gendarmerie… Leur nouveau maillage territorial permet aux Soulèvements de la Terre de disposer d’une "force de frappe, difficile à déceler" et faisant peser "une menace" sur les établissements de la société Lafarge, selon ce document.

Si bien qu’un "important sentiment d’insécurité" s’est développé dans les entreprises du bâtiment et de la cimenterie. Une stratégie qui devrait se poursuivre "dans les mois à venir" et qui devrait s’étendre à l’ensemble des entreprises soupçonnées par les écologistes radicaux de participer "à la destruction du vivant".