Impôts, écologie, retraites, PMA… Ce qu'il faut retenir du discours de politique générale d'Édouard Philippe

Édouard Philippe a annoncé ou confirmé plusieurs mesures, mercredi.
Édouard Philippe a annoncé ou confirmé plusieurs mesures, mercredi. © Alain JOCARD / AFP
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Thibaud Le Meneec avec AFP , modifié à
Pour la deuxième fois depuis son entrée en fonction, le Premier ministre Édouard Philippe a prononcé un discours de politique générale devant l'Assemblée nationale, mercredi. 

"C'est l'acte II du quinquennat" pour "un pays qui a perdu confiance" : mercredi, devant les députés réunis dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, Édouard Philippe a officiellement lancé la deuxième partie du mandat d'Emmanuel Macron, en prononçant son deuxième discours de politique générale. Impôts, emploi, écologie, sécurité, institutions… Le locataire de Matignon a dressé la feuille de route du gouvernement pour les mois et les années à venir. Avec, en filigrane de tous ces chantiers, "un profond changement de méthode" à la tête de l'exécutif.

Écologie : "remise à plat" des aides à la rénovation écologique

Un mea culpa et plusieurs annonces : Édouard Philippe a débuté son discours par la défense de l'environnement, promettant une "accélération écologique" lors des douze prochains mois. "J'ai mis du temps à considérer que ces enjeux étaient aussi importants que la sécurité ou la défense de l'emploi", a-t-il reconnu, avant de promettre une "remise à plat" des aides à la rénovation écologique, l'obligation de nutriscore sur les emballages alimentaires ou encore le bannissement des produits en plastique jetable de l'administration publique "dès l'année prochaine". Les centrales à charbon fermeront d'ici "à 2022", et la centrale de Fessenheim fermera d'ici "fin 2020", a-t-il par ailleurs confirmé. 

Le projet de loi de lutte contre le gaspillage sera pour sa part inscrit dans les trois "priorités" de l'Assemblée nationale pour la rentrée en septembre. Insistant sur "l'urgence écologique", le Premier ministre a indiqué par ailleurs que les propositions "les plus puissantes" de la convention citoyenne pour la transition écologique, voulue à l'issue du grand débat, pourraient être soumises "à référendum". Enfin, le chef du gouvernement a confirmé la feuille de route de l'exécutif : arriver à 50% de renouvelable dans la production énergétique française d'ici 2035, en soutenant notamment le développement de l'éolien en mer. 

Emploi : le bonus-malus limité à "5 à 10" secteurs

La mesure la plus importante annoncée par Édouard Philippe concerne les contrats courts : la future réforme de l'assurance-chômage comprendra un bonus malus qui s'appliquera "dans les 5 à 10 secteurs" d'activité utilisant le plus de contrats courts. En clair, dans ces secteurs, les entreprises utilisant des contrats précaires devront payer un malus, et celles qui limitent leur utilisation bénéficieront de bonus.

La réforme, qui sera annoncée le 18 juin, inclura aussi "une dégressivité de l'indemnisation (chômage) sur les salariés qui perçoivent les salaires les plus élevés", a-t-il encore précisé.

Impôts : 350 euros de baisse d'impôts pour la première tranche

Édouard Philippe l'a martelé mercredi après-midi : son gouvernement est celui des baisses d'impôts. Pour les ménages, la pression fiscale baissera de 27 milliards d'euros sur le quinquennat, avec un gain en moyenne de 350 euros par foyer pour la première tranche de l'impôt sur le revenu. Il a aussi confirmé que "la taxe d'habitation sera intégralement supprimée pour l'ensemble des Français", en 2021 pour 80% d'entre eux, sur les trois années suivantes pour les 20% restants.

Retraites : maintien de l'âge légal à 62 ans mais fixation d'un "âge d'équilibre"

Mercredi, Édouard Philippe a déploré un système de retraites "qui n'est pas juste". Pour y remédier, il souhaite fixer un "âge d'équilibre" pour permettre aux salariés de partir avec une retraite à taux plein. En clair, l'âge légal restera à 62 ans, mais les Français qui travailleront jusqu'à cet "âge d'équilibre" auront une pension plus élevée.

"Nous maintiendrons la possibilité de départ à 62 ans, mais nous définirons un âge d'équilibre et mettrons en place des incitations à travailler plus longtemps", a détaillé le chef du gouvernement, sans donner de chiffre pour cet "âge d'équilibre". Il assure que le nouveau système de retraite "garantira que les personnes qui ont travaillé toute leur vie ne gagnent pas mois de 85% du SMIC".

" Les questions d'asile et d'immigration touchent aux fondements de notre souveraineté et de nos principes "

La direction empruntée par le gouvernement est aussi celle de la simplification : "Nous avons aujourd'hui 42 régimes, qui assurent globalement un bon niveau de retraite. Cependant, notre système n’est ni simple, ni juste. Il pénalise les carrières courtes et hachées. Le nouveau système reposera sur un principe simple. Les règles seront les mêmes pour tous : un euro touché, un euro cotisé."

Sécurité : le gouvernement cible le trafic de drogue

En matière "d'ordre public", "durant les douze prochains mois, notre priorité sera de combattre le trafic de stupéfiants qui gangrène des pans entiers de notre territoire". "Cela implique de harceler les points de vente, de neutraliser les échelons de distribution, de faire tomber les têtes de réseaux", a détaillé le Premier ministre, qui n'exclut pas "des changements d'organisation" pour y parvenir. Il a aussi dénoncé le fléau des "violences gratuites", en promettant un livre blanc sur la sécurité intérieure "cet été", élaboré par le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner et le secrétaire d'État Laurent Nunez.

Immigration : un débat annuel au Parlement 

Le gouvernement organisera "chaque année un débat au Parlement" sur la politique d'asile et d'immigration. Le premier d'entre eux aura lieu en septembre. Ces questions "touchent aux fondements de notre souveraineté et de nos principes", a expliqué le Premier ministre. "Il est donc nécessaire d'en débattre de manière régulière et au grand jour avec le Parlement".

Bioéthique : l'extension de la PMA débattue "dès la fin septembre

C'est l'un des sujets les plus explosifs sur la table de la majorité : Édouard Philippe a affirmé que le projet de loi bioéthique, qui contient l'extension de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes et aux femmes seules, serait débattu au Parlement fin septembre.

Fonctionnement de l'État : la réforme des institutions repoussée après 2020 ?

C'est un texte qui devait être débattu à l'été 2018, mais qui a depuis été repoussé et pourrait l'être à nouveau : Édouard Philippe a ouvert la porte à un report de la réforme des institutions après les sénatoriales de septembre 2020. Le Premier ministre a souhaité un "nouvel acte de décentralisation", en plusieurs temps : "D'abord, des mesures pour favoriser l'engagement des maires [avec une présentation] au Sénat dès la rentrée". Ensuite, il y aura débat sur la méthode pour "clarifier" le mille-feuille territorial avant la présentation de mesures concrètes.