Immigration : pourquoi le budget de l'AME a-t-il doublé en dix ans ?

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Théo Maneval, édité par Romain David , modifié à
Le gouvernement pourrait s'attaquer à l'Aide médicale d'Etat pour faire des économies. Et pour cause : le budget de ce dispositif, qui permet aux sans-papiers d'avoir accès aux soins, frôle désormais le milliard d'euros.

À six mois des municipales, Emmanuel Macron a décidé d'ouvrir un débat sur les questions d'immigration. Parmi les pistes de réformes à l'étude, pour rendre la France "moins attractive" : un réajustement de l'Aide médicale d'Etat (AME). Le budget de cette aide, qui permet aux personnes en situation irrégulière de se soigner, a en effet doublé depuis dix ans, pour frôler aujourd'hui le milliard d'euros.

Selon un rapport parlementaire, plus des deux-tiers des dépenses relèvent de soins à l'hôpital : dialyses, patients atteints de la tuberculose, du Sida, ou encore suivi de femmes enceintes. Le reste concerne de la médecine de ville, avec des consultations et des ordonnances pour des médicaments.

Des maladies que la médecine française n'a plus l'habitude de traiter

Mais comment le budget de l’AME a-t-il pu passer de 500 millions à près d'un milliard d'euros en dix ans ? En partie à cause de la hausse du nombre de bénéficiaires, passés de 200.000 à 300.000 aujourd'hui. Mais aussi parce que ces migrants arriveraient en France dans un état de santé de plus en plus dégradé, comme l’explique à Europe 1 Christophe Sirugue, ex-député socialiste auteur de deux rapports sur le sujet : "Il y a des pathologies infectieuses que l’on ne voyait plus sur notre territoire, comme la tuberculose, et des maladies que l’on pensait avoir éradiqué. On n’a plus forcement les réflexes médicaux nécessaires. Il faut identifier les maladies et puis lancer des traitements. Plus on tarde, plus le coût des soins est important."

Deux rapports parlementaires, ainsi qu'un rapport de l'Inspection générale des Affaires sociales, n'ont pas permis jusqu'ici de démontrer que la fraude était responsable de cette explosion du budget. Le gouvernement a toutefois demandé un nouveau rapport à l'IGAS pour le mois d'octobre. Mais l’exécutif planche déjà sur une possible réduction des soins pris en charge par l'AME, pour faire baisser les coûts.