Ian Brossat 4:47
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Olivier Samain et laetitia Drevet , modifié à
Invitée d'Europe 1 mercredi matin, Rachida Dati a dénoncé une "opération de cavalerie" menée selon elle par Anne Hidalgo auprès des bailleurs sociaux. Adjoint à la mairie de Paris, Ian Brossat défend des procédés "légaux et transparents". 
INTERVIEW

"Ce reproche n'est pas justifié", assure Ian Brossat. Mercredi matin, Rachida Dati, candidate LR à la mairie de Paris, avait dénoncé sur Europe 1 une "opération de cavalerie" menée selon elle par Anne Hidalgo auprès des bailleurs sociaux. "On leur demande de faire des avances de dizaines d’années de loyers. Et donc ce manque à gagner, ce sera 1,15 milliard de moins pour le futur maire de Paris", a affirmé la candidate, évoquant des "filouteries". Ian Brossat, adjoint à la mairie de Paris, a répondu à ces accusations au micro d'Europe 1. "Tout cela est légal, transparent, et donne lieu à des votes au conseil de Paris", souligne-t-il.

Quel est le système mis en cause par Rachida Dati ?

Le procédé évoqué par Rachida Dati relève d’une disposition permettant à une mairie de "vendre" une partie de son patrimoine de logements à des bailleurs sociaux. Cette "vente" n’a en réalité lieu que pour une durée limitée, de 50 à 70 ans. Et elle se conclue grâce à un mode de calcul bien particulier : les bailleurs sociaux versent en une fois le montant cumulé de tous les loyers qu’ils percevront tant qu’ils exploitent les logements. La mairie perçoit ainsi l'argent en une fois et les sommes ne comptent que pour le budget municipal d'une seule année. Les équipes municipales futures n'auront donc pas la main dessus, et ce pendant 50 à 70 ans. "J’assume notre politique. Elle est issue d’une délibération démocratique", appuie Ian Brossat sur Europe 1.

Le hic, selon Rachida Dati, est que cette somme ne sert pas à financer la politique de logement social de Paris (une stratégie de long terme), mais à combler le déficit général de la ville pour réduire son endettement à un instant "T". "C’est-à-dire qu’on dépouille les bailleurs sociaux, on leur demande 1,15 milliard depuis 2016 - et ça continue - pour pouvoir faire quoi ? Combler une partie du déficit. C’est tellement mal géré qu’on demande aux bailleurs sociaux de faire des avances de dizaines d’années de loyers. Et donc ce manque à gagner, ce sera 1,15 milliard de moins pour le futur maire de Paris [...] Je comprends mieux pourquoi tous les logements sociaux de l’est, du nord parisien sont totalement dégradés", déplore Rachida Dati, demandant un "audit" pour plus de "transparence".

"Ce reproche n'est pas justifié", assure Ian Brossat

Sur Europe 1, Ian Brossat dément formellement. "Ces fonds servent à réhabiliter 4.000 à 5.000 logements sociaux par an, et à en construire de nouveaux. On peut nous faire tous les reproches du monde, mais celui-là n’est pas justifié", assure l'élu. "La réalité est que Madame Dati ne veut pas de logement social. Mme Rachida Dati et Mme Agnes Buzyn proposent de supprimer l'encadrement des loyers. Si on fait cela, on court droit vers la catastrophe", poursuit Ian Brossat.

Rachida Dati a également attaqué la mairie de Paris pour avoir transformé des logements en logements sociaux et avoir demandé aux locataires qui ne rentraient pas dans les critères de partir, ou de payer des loyers "trois fois plus chers". "Est-ce que c'est normal que des gens qui gagnent 10 000€/mois bénéficient d'un loyer de 10€ du m2 ?! Ce qui gêne Mme Rachida Dati, c'est que nous avons cessé de protéger des gens qui votaient plutôt pour elle", répond Ian Brossat.