François Hollande à Florange : une visite à haut risque

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La dernière fois que François Hollande s'était rendu à Florange, c'était en 2014. © PATRICK HERTZOG / POOL / AFP
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David Doukhan, Arthur Helmbacher et M.B.
Le chef de l'État, fragilisé par la publication récente de ses confidences, est attendu lundi après-midi par des salariés très en colère.

Un peu plus de trois ans après la fermeture des hauts fourneaux, François Hollande est attendu de pied ferme, lundi après-midi, à Florange. Le président veut faire du site, menacé de fermeture et qu'il estime avoir sauvé, le point de départ de sa reconquête.

Président fragilisé. La visite ne s'annonce pas de tout repos. D'abord parce que c'est un président fragilisé qui se déplace. Fragilisé, notamment, par la sortie d'Un président ne devrait pas dire ça, livre truffé de confidences faites par le chef de l'État à deux journalistes du Monde. Ces révélations, qui succèdent à d'autres, ont placé François Hollande dans une position délicate, renvoyant une image de commentateur politique plus que de locataire de l'Élysée. Et semé le doute jusque dans son propre camp sur sa volonté autant que sa capacité à se présenter à sa réélection.

Pour préparer le terrain, François Hollande a commencé par donner une interview aux journaux du groupe de presse quotidienne régionale Ebra. "Il ne faut jamais se laisser emporter par un bout de phrase sorti de son contexte", a-t-il déclaré en guise de seau d'eau pour éteindre l'incendie. "J'ai toujours tenu bon", poursuit-il à l'adresse de ceux qui, à gauche, pourraient le juger hésitant. 

Trahis par la gauche. Mais si la visite de Florange s'annonce aussi houleuse, c'est parce que les salariés du site s'estiment trahis par la gauche. "Je leur avais fait deux promesses : sauver le site et éviter tout plan social", assure pourtant François Hollande au groupe Ebra. "Elles ont été tenues. Les 650 salariés qui travaillaient sur le haut fourneau ont été reclassés sur place et aucun n'a été licencié." Pour Vincent, l'un des employés, il ne s'agit là que d'un cache-misère. "Les autres qui travaillaient pour nous, les sous-traitants, il y en a pas mal qui sont partis. Ils ont été licenciés mais on ne le dit pas. C'est caché." En outre, le salarié regrette la dégradation du travail sur le site et l'incertitude qui règne toujours. "Avant, on produisait quand même notre propre métal. Maintenant, on ne fait plus rien. Du jour au lendemain, on peut fermer", affirme-t-il. 

"Cette fois-ci, ce sera un coup de bâton". Vincent promet donc un comité d'accueil de circonstance à François Hollande. "La dernière fois, il est venu manger la fameuse merguez. Cette fois-ci, il n'y aura plus la merguez. Je pense que ce sera plutôt un coup de bâton." Pas de quoi effrayer l'Élysée. Le terrain est hostile ? Tant mieux, estime-t-on au Palais, où on explique qu'il n'y a pas de meilleur endroit que Florange pour faire oublier l'emploi de l'expression des "sans-dents", qui a tant choqué. François Hollande devrait faire un discours très personnel pour prouver que la défense des plus fragiles reste le combat de sa vie. "Sur Florange, on n'a pas à baisser la tête, on est fiers de ce qu'on a fait", affirme ainsi un conseiller du chef de l'État. C'est non sans un certain agacement qu'un ami du président souligne néanmoins que "c'est exactement ce dont [François Hollande] a besoin : une raison d'être fier."