François Fillon, la fuite en avant d'un homme de plus en plus seul

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À ce stade, François Fillon en peut pas être empêché, le maintien de sa candidature relève de sa seule décision. © Lionel BONAVENTURE / AFP
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Antonin André, chef du service politique d'Europe 1
François Fillon même mis en examen, ne renoncera pas. Le Sarthois veut être candidat jusqu’au bout et appelle sa famille politique à résister, alors que les défections se multiplient.

"Je ne me rendrai pas". C’est la formule d’un homme cerné, acculé, retranché. "Je ne me rendrai pas. Si par miracle je m’en sor,s vous vous en sortirez. Si, comme c’est le risque, j’y passe, vous y passerez avec moi." François Fillon fait basculer l’élection présidentielle dans une dimension inédite en faisant de son sort personnel, l’enjeu central de sa campagne. Oubliez le programme, le redressement national, la réforme de l’assurance maladie ou les annonces sur le pouvoir d’achat, ce n’est plus le sujet. Désormais, le sujet central c’est l’entrée en résistance contre un système judiciaire, médiatique et politique qui veut empêcher le candidat de la droite.

François Fillon pourfend le système avec un  appel au peuple à manifester son soutien dimanche, place du Trocadéro, à l’endroit où Nicolas Sarkozy, le 1er mai 2012, avait organisé son dernier grand meeting de campagne.

Une candidature qui reste légitime. François Fillon peut tenir. Rien ni personne ne peut l’en empêcher. Le maintien de sa candidature relève de sa seule décision. Il a les 500 parrainages requis, il est même le seul à les avoir à ce stade. Donc il est strictement légitime à être candidat. De surcroît, les électeurs l’ont désigné à la primaire, et ses amis politiques, quand la question du plan B se posait il y a plusieurs semaines, se sont tous défaussé : Alain Juppé boudeur et Nicolas Sarkozy qui lui a dit "tiens bon !". Donc oui , François Fillon peut tenir malgré les sifflets, les casseroles, les défections de ceux qui étaient les premiers à se rallier au soir de sa victoire et qui sont les premiers à le lâcher.

Le suffrage universel, arbitre ultime. François joue d’ailleurs uniquement sur ce registre désormais : la détermination et la solidité. Même les juges n’ont pas les moyens de l’empêcher, une mise en examen n’est pas un jugement de culpabilité. La Vème République est ainsi faite, in finec’est un homme face à l’opinion. Et l’opinion peut choisir un homme douteux. Mitterrand l’avait théorisé dès 1964, dans un livre resté célèbre : Le Coup d’Etat permanent.