FN : Nicolas Bay avertit contre les débats faits "au détriment de l'unité et de la discipline du mouvement"

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Romain David et Maxence Lambrecq , modifié à
Alors que le parti dirigé par Marine Le Pen entame une séquence de refondation, Nicolas Bay, son secrétaire général, estime que certains débats nuisent à l'unité du mouvement. Un adresse à peine voilée à Florian Philippot.
INTERVIEW

Florian Philippot continue de faire grincer des dents au sein du FN. Le vice-président, ouvrier de la dédiabolisation du parti et dont la ligne est désormais largement contestée après les déceptions de la présidentielle et des législatives, a lancé en mai, de son propre chef, l'association Les Patriotes. Un pas vers la sécession estime certains membres du parti, alors même que le FN prépare son congrès de refondation.

"Etre attentif à l'unité du FN". "C'est un moment de débat, il est légitime que les uns et les autres s'expriment", a commenté mercredi, au micro d'Europe 1, Nicolas Bay, le secrétaire général du FN. Mais "il doit d'abord se tenir à l'intérieur du FN car ce débat, aussi légitime soit-il, ne doit pas se faire au détriment de l'unité et de la discipline du mouvement", avertit cependant l'eurodéputé. "Il faut être attentif à cette unité du Front national". "Porter le débat en direction de tous les Français, c'est une bonne chose, en revanche il ne faut pas s'affranchir des règles définies ensemble", déclare-t-il. "Je ne crois pas qu'il y ait nécessité à multiplier les initiatives à l'extérieur", ajoute encore Nicolas Bay, assurant qu'il ne cible pas particulièrement l'association de Florian Philippot.

Une Étoile montante... Nouvel homme fort du FN, Nicolas Bay est désormais de toutes les réunions stratégiques, au contact quasi-quotidien de Marine Le Pen dont il doit prendre la succession à Bruxelles, sauf surprise, comme président du groupe parlementaire qui réunit l’extrême droite européenne. Un levier supplémentaire pour celui qui creuse, peu à peu, son sillon et profite de l’isolement de Florian Philippot. À l'inverse, le vice-président est en train de perdre un de ses principaux relais : Sophie Montel destituée de la présidence du groupe FN en Bourgogne-Franche-Comté.

... pleine d'ambition ? Nicolas Bay est d'ailleurs attendu jeudi à Dijon pour acter officiellement cette destitution. Tout un symbole dans la bataille des idées qui l'oppose en interne à Florian Philippot. Avec sa casquette de secrétaire général du parti, l'eurodéputé monte son réseau depuis trois ans, parcourant les fédérations, collectant les doléances des militants comme l’avait fait Bruno Mégret en son temps. "Ça n’augure rien de bon", se désole auprès d'Europe 1 un vieux cadre du parti qui ajoute : "Il bénéficie à plein du départ de Marion Maréchal Le Pen". Nicolas Bay est, en effet, sur sa ligne politique, prêt à faire entendre sa petite musique au Congrès cet hiver, "mais en restant loyal" promet-il. 

Marine Le Pen, silencieuse mais plus combative que jamais. De son côté Marine Le Pen, particulièrement discrète depuis la mise en place du nouveau pouvoir, est attendue pour sa rentrée politique samedi 9 septembre à Brachay, "une petite commune de Haute-Marne qui est le symbole de cette France des oubliés qu'elle n'oublie pas", insiste Nicolas Bay, toujours sur Europe 1. "Elle est plus combative que jamais, elle va assumer le rôle que lui ont pleinement dévolu les électeurs : cheffe de l'opposition, parce qu'elle était au second tour de l'élection présidentielle", martèle-t-il, alors même que le leadership de la présidente a été remis en cause fin août par Robert Ménard, le maire de Béziers apparenté FN, dans une lettre ouverte. "La question ne se pose pas en ces termes aujourd'hui. On n'est pas à la vielle d'une élection présidentielle", balaye Nicolas Bay. "Marine Le Pen est aujourd'hui la plus à même à la fois de diriger notre mouvement et de rassembler notre famille politique".

Devenir la principale opposition. Ainsi, Nicolas Bay ne doute pas que le parti frontiste puisse incarner en cette rentrée le nouveau visage de l'opposition, l'élu fustigeant à la fois Jean-Luc Mélenchon, "poing levé", et symbole selon lui d'une "extrême gauche caricaturale", mais aussi les divisions qui minent une droite en pleine recomposition. "Laurent Wauquiez, que l'on nous présente comme quelqu'un qui défend un certain nombre d'idées porches de nous, prend madame Calmels, juppéiste, comme numéro deux", relève-t-il avant de conclure : "les Français en ont soupé de cette droite qui parle comme le FN en campagne et qui, une fois au pouvoir, fait autre chose".