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La ministre de la Justice a parlé mercredi d’un "échec dramatique pour notre société" face aux quelque 70 femmes qui ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint depuis le début de l’année.
INTERVIEW

Depuis le début de l’année, près de 70 femmes sont tombées sous les coups de leur conjoint ou de leur ex-conjoint en France. Un nombre de féminicides qui ne baisse pas depuis plusieurs années dans le pays. Nicole  Belloubet a récemment décidé de se charger du dossier. "C’est inacceptable, c’est un échec dramatique pour notre société que ces meurtres de femmes", a lancé mercredi la ministre de la Justice sur Europe 1. La garde des Sceaux annonce ainsi une "enquête pour vérifier, parmi les personnes qui ont été tuées, là où les défaillances sont advenues".

"C’est très important que nous ayons un retour d’expérience sur ce qui a été fait tant par les enquêteurs que par la magistrature", a argumenté Nicole Belloubet, qui a aussi pointé d’éventuels dysfonctionnements. "C’est parfois la rapidité. Il faut dans certaines hypothèses, prioriser les dossiers. C’est parfois le lien entre le parquet et le juge aux affaires familiales. C’est parfois des ordonnances de protection qui ne sont pas délivrés de manière suffisamment rapide ou suffisamment sérieuse. C’est parfois les téléphones ‘grave danger’, qui sont des dispositifs de protection, qui sont encore délivrés avec parcimonie", a-t-elle énuméré.  

Une loi "à l'automne" pour généraliser les bracelets électroniques d'éloignement

Nicole Belloubet va donc agir. "J’ai alerté les procureurs sur le déploiement des téléphones grave danger. Car il y en a plus qu’ils ne sont distribués", a-t-elle assuré, annonçant aussi un effort sur  "les ordonnances de protection des femmes. Nous en avons 3.000 qui sont délivrés en France, alors qu’en Espagne, pays voisin qui a eu sur ce sujet-là une politique plus volontariste, c’est au moins 10.000 qui sont délivrées chaque année", a-t-elle expliqué.

Surtout, Nicole Belloubet veut généraliser le bracelet électronique. "J’ai demandé que nous mettions en place un dispositif très efficace qui s’appelle le dispositif anti-rapprochement. C’est le bracelet électronique d’éloignement", a confirmé la ministre de la Justice. "Ce n’est pas simple à faire parce que ça peut porter atteinte à la liberté individuelle d’aller et de venir, donc il faut que les choses soient encadrées, soient claires. Et j’ai besoin d’un dispositif législatif. Je vais donc demander qu’une proposition de loi soit très rapidement portée pour généraliser cela. J’espère à l’automne."