Fast fashion : le gouvernement veut «combattre» le «modèle de SheIn» aux «dégâts immenses»

SheIn
Fondée en 2012 en Chine et basée à Singapour, l'entreprise ne vend qu'en ligne et cible dans le monde entier une clientèle jeune. © RICHARD A. BROOKS / AFP
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avec AFP / Crédit photo : RICHARD A. BROOKS / AFP
L'entreprise chinoise emblématique de la fast fashion SheIn est dans la viseur du gouvernement. Celui-ci veut "combattre avec détermination" le modèle économique de la marque qu'il juge responsable de "dégâts immenses" tout à la fois pour l'environnement, les humains et le secteur textile.

Le gouvernement veut "combattre avec détermination" le modèle économique de l'entreprise chinoise emblématique de la fast fashion SheIn qu'il juge responsable de "dégâts immenses" tout à la fois pour l'environnement, les humains et le secteur du textile. Bérangère Couillard, secrétaire d'Etat chargée de l'Écologie, a dénoncé mardi un modèle de la fast fashion "destructeur pour notre planète, pour les conditions humaines des pays qui accueillent leur production et également destructeur pour le secteur du textile qui pourrait ne pas s'en remettre", lors d'une visite à Paris des locaux d'un incubateur de la mode responsable, La Caserne.

Un "éco-score"

En vue de la mise en place en 2024 d'un "éco-score", le calcul de l'impact environnemental, du secteur textile que devront afficher sur leurs sites les entreprises concernées, le gouvernement va "plancher pour trouver une bonne incorporation" de la part spécifique de la fast fashion, basée sur le renouvellement rapide des collections à très petits prix, a expliqué Bérangère Couillard. L'affichage de cet indice environnemental sera "crédible pour les consommateurs" sans "effrayer" les industriels, a-t-elle assuré.

Ce score doit contribuer à "dénoncer" le modèle économique sur lequel repose SheIn, une marque qui cristallise par son ampleur les critiques des autorités publiques et des associations et qui selon la secrétaire d'Etat endosse "une responsabilité extrêmement forte". L'ONG Les Amis de la Terre avait mis en exergue en juin l'impact environnemental et social "désastreux" de SheIn, qui affiche selon son rapport "470.000 modèles disponibles en temps réel" sur son site -- des volumes "astronomiques", sans commune mesure avec des enseignes classiques.

Travail forcé, plagiat et incitation à la surconsommation

SheIn est également accusé de travail forcé, de plagiat, d'incitation à la surconsommation. "Une taxation plus forte pour des produits qui viendraient de l'autre bout du monde" est par ailleurs envisagée par le ministre de l'Economie Bruno Le Maire afin d'éviter "des importations qui puissent arriver à des prix défiant toute concurrence", a expliqué Bérangère Couillard. Fondée en 2012 en Chine et basée à Singapour, l'entreprise ne vend qu'en ligne et cible dans le monde entier une clientèle jeune.

En 2021, ses ventes ont bondi de 60%, propulsant son chiffre d'affaires à 16 milliards de dollars, selon Bloomberg, talonnant ainsi le suédois H&M. La marque a assuré en mai, dans un entretien à l'AFP, être un fabricant "à la demande", "capable de (la) mesurer très finement", ce qui permet de réduire de manière "drastique" les invendus et donc la production de déchets.