Escroquerie : trois ans de prison avec sursis probatoire requis contre Claude Guéant

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Claude Guéant est jugé pour escroquerie concernant ses frais de campagne législative 2012. © Bertrand GUAY / AFP
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avec AFP
Le parquet de Nanterre  a demandé mercredi trois ans d'emprisonnement avec sursis probatoire pendant les trois années contre l'ancien ministre de l'Intérieur Claude Guéant. Celui-ci est jugé devant le tribunal correctionnel pour escroquerie concernant ses frais de campagne législative 2012.

Le parquet de Nanterre dans les Hauts-de-Seine a demandé mercredi trois ans d'emprisonnement avec sursis probatoire pendant les trois années, contre l'ancien ministre de l'Intérieur Claude Guéant, jugé devant le tribunal correctionnel pour escroquerie concernant ses frais de campagne législative 2012. Pour son sursis probatoire, le parquet lui demande de justifier de ses activités, d'indemniser la partie civile (l'agent judiciaire de l'Etat) et de régler ses dettes au Trésor public.

Un remboursement trop élevé selon l'accusation

A l'époque, l'homme incontournable de la présidence de Nicolas Sarkozy, aujourd'hui âgé de 77 ans, était candidat pour être député dans les Hauts-de-Seine. L'accusation lui reproche d'avoir sciemment minoré ses comptes de campagne et d'avoir ainsi obtenu un remboursement de plus de 30.000 euros.

"La probité des futurs élus commence par la probité des candidats qui briguent les suffrages", a déclaré la procureure Nathalie Foy. "Même si les sommes en jeu ne sont pas considérables, cette situation ne doit pas être banalisée" car elle "jette le discrédit sur la vie politique" et "sape la confiance publique dans l'expression des suffrages", a-t-elle affirmé.

Guéant, "un homme de tout premier plan" en 2012

D'autant plus qu'en 2012, Claude Guéant "était un homme de tout premier plan, un homme extrêmement puissant", ancien secrétaire général de la présidence de Nicolas Sarkozy puis ministre de l'Intérieur. À son encontre, elle a également requis une amende 50.000 euros et, pendant cinq ans, la privation de ses droits civiques, l'interdiction de la fonction publique et d'être mandataire social.

Un courrier de quatre pages est au cœur de cette enquête. Dans cette lettre, envoyée le 3 janvier 2012, Pierre-Christophe Baguet, maire UMP (devenu LR depuis) de Boulogne-Billancourt et député sortant des Hauts-de-Seine, avait annoncé soutenir Claude Guéant pour lui succéder à l'Assemblée nationale. Il y avait joint la déclaration de candidature de ce dernier.

Cette "lettre de vœux est en réalité une lettre prétexte" à "un document de propagande qui va être distribué à 60.000 exemplaires", estime la procureure, qui reproche à MM. Baguet et Guéant d'avoir cherché à faire financer ce courrier par la ville de Boulogne-Billancourt. Ce que les deux prévenus contestent. Claude Guéant fait l'objet d'autres procédures pénales. "Je les vis très mal, j'ai le sentiment de grandes injustices", a-t-il fait valoir mercredi.