Eric Dupond-Moretti mis en examen, Jean Castex lui "renouvelle toute sa confiance"

Jean Castex et Eric Dupond-Moretti.
Jean Castex et Eric Dupond-Moretti. © Ludovic MARIN / AFP
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Europe 1 avec AFP , modifié à
Dans un communiqué publié par Matignon, le Premier ministre Jean Castex "renouvelle toute sa confiance" en son ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, et lui demande de poursuivre sa tâche. L'ancien avocat pénaliste a été mis en examen vendredi, pour de possibles conflits d'intérêts avec ses anciennes activités.

Le Premier ministre Jean Castex a renouvelé "toute sa confiance" à son ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti, qui a été mis en examen vendredi pour de possibles conflits d'intérêts avec ses anciennes activités d'avocat pénaliste. "Le Premier ministre lui renouvelle toute sa confiance et lui demande de poursuivre l'action de réforme et de confortement des moyens accordés au service public de la Justice", a écrit Matignon dans un communiqué.

Le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti a été mis en examen vendredi pour prise illégale d'intérêts par les magistrats de la Cour de la justice de la République, ont annoncé ses avocats. "Sans surprise, il a été mis en examen", a déclaré à la presse l'un des avocats du ministre, Me Christophe Ingrain, à l'issue d'un interrogatoire de près de six heures. Cette mise en examen est inédite pour un ministre de la Justice en exercice.

"Nous allons évidemment désormais contester cette mise en examen"

Le ministre s'était dit "serein", et "particulièrement déterminé", affichant un grand sourire à son arrivée à la CJR, dont il est sorti sans faire de déclaration. "Cette mise en examen était clairement annoncée. (...) Ses explications n'ont malheureusement pas suffi à renverser cette décision prise avant l'audition. Nous allons évidemment désormais contester cette mise en examen", a déclaré Me Christophe Ingrain, qui a annoncé qu'il déposerait "une requête en nullité".

Ni le procureur général près la Cour de cassation François Molins - qui représente l'accusation dans cette procédure -, ni aucun autre représentant du parquet n'ont assisté à l'interrogatoire, a indiqué une source judiciaire.La convocation d'Eric Dupond-Moretti pour cet interrogatoire de première comparution lui avait été remise lors d'une rarissime perquisition de 15 heures à la Chancellerie le 1er juillet. Dans cette affaire, il est soupçonné d'avoir profité de sa fonction de ministre pour régler ses comptes avec des magistrats avec lesquels il avait eu maille à partir quand il était avocat, ce qu'il réfute.

"Méthodes de barbouzes"

La CJR a ouvert en janvier une information judiciaire pour "prise illégale d'intérêts" après les plaintes des trois syndicats de magistrats et de l'association Anticor dénonçant des situations de conflits d'intérêts dans deux dossiers. Le premier concerne l'enquête administrative ordonnée en septembre par le garde des Sceaux contre trois magistrats du parquet national financier (PNF) qui ont fait éplucher ses relevés téléphoniques détaillés ("fadettes") quand il était encore une star des prétoires.

Le PNF cherchait alors à débusquer une "taupe" ayant pu informer Nicolas Sarkozy et son conseil Thierry Herzog - un ami d'Eric Dupond-Moretti - qu'ils étaient sur écoute dans l'affaire de corruption dite "Bismuth", qui a valu en mars une condamnation historique à l'ex-chef de l'Etat. Vilipendant les "méthodes de barbouzes" du parquet anticorruption, Eric Dupond-Moretti avait déposé une plainte, avant de la retirer au soir de sa nomination comme garde des Sceaux, le 6 juillet 2020.

Dans le second dossier, il lui est reproché d'avoir diligenté des poursuites administratives contre un ancien juge d'instruction détaché à Monaco, Edouard Levrault, qui avait mis en examen un de ses ex-clients et dont il avait critiqué les méthodes de "cow-boy" après que ce magistrat a pris la parole dans un reportage. Eric Dupond-Moretti s'est toujours défendu de toute prise illégale d'intérêts, martelant qu'il n'a fait que "suivre les recommandations" de son administration.