Elisabeth Borne a remis sa démission à Emmanuel Macron. 2:33
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Jacques Serais avec AFP , modifié à
Il est de tradition après les élections législatives que le chef du gouvernement propose sa démission. Emmanuel Macron a choisi à l'inverse de refuser cette démission rituelle "afin que le gouvernement puisse demeurer à la tâche et agir en ces jours", a annoncé mardi matin l'Elysée. 

Deux jours après les élections législatives, la Première ministre Elisabeth Borne a remis sa démission à Emmanuel Macron mardi matin, qui l'a refusée "afin que le gouvernement puisse demeurer à la tâche et agir en ces jours", a annoncé mardi matin l'Elysée. Le chef de l'Etat va mener "les consultations politiques nécessaires (...) afin d'identifier les solutions constructives envisageables au service des Français", a précisé la présidence, avant une série de rendez-vous avec les chefs de parti mardi et mercredi à l'Elysée. 

"La stratégie du pourrissement"

Il est de tradition après les élections législatives que le chef du gouvernement propose sa démission. Cette démarche revient à une nouvelle légitimation du Premier ministre, aussitôt renommé à son poste par le président. Mardi, Emmanuel Macron a choisi à l'inverse de refuser cette démission rituelle, alors que se profile pour lui un tunnel d'obligations internationales (Conseil européen, G7, sommet de l'Otan) à partir de jeudi.

Emmanuel Macron veut montrer que dans cette tempête, qu'il fait confiance à sa Première ministre. Il tente de garder un peu de stabilité au sommet de l'Etat, alors que son camp se retrouve ébranlé. C'est aussi ce que certains appellent dans son entourage "la stratégie du pourrissement". Autrement dit, attendre, ne rien faire face à cette situation inconfortable, le temps que l'orage passe sans tirer les leçons, mais en tentant de déstabiliser dans le même temps ses adversaires.

L'ensemble du gouvernement attendu à Matignon mardi après-midi

Mme Borne va réunir l'ensemble du gouvernement à Matignon mardi en début d'après-midi, a annoncé son entourage à l'AFP.

Parmi les membres du gouvernement attendus rue de Varenne figureront bien la ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires Amélie de Montchalin, la ministre de la Santé Brigitte Bourguignon, et la secrétaire d'Etat à la Mer Justine Bénin, a précisé l'entourage de Mme Borne. Toutes trois battues dimanche au second tour des législatives, elles devront quitter le gouvernement.

Le président, qui a déjeuné lundi avec Elisabeth Borne et les ténors d'Ensemble! Edouard Philippe et François Bayrou, a repris l'initiative face aux risques de blocage de ses réformes à l'Assemblée, en invitant des responsables des partis politiques.

Les responsables des partis politiques reçus à l'Elysée

Six d'entre eux seront reçus successivement mardi à l'Elysée : Christian Jacob (LR) a ouvert la marche à 10H00, avant Olivier Faure (PS) à 11H00. "C'était un échange cordial mais franc et direct. J'ai redit au président qu'il n'était pas question pour nous de rentrer dans ce qui pourrait être considéré comme une trahison de nos électeurs", avance Christian Jacob.

"Nous avons fait une campagne dans l'opposition, à sa majorité, dans l'opposition, à son gouvernement, nous restons dans l'opposition de manière déterminée mais responsable. Jamais on ne sera dans le blocage des institutions mais il n'est pas question de rentrer dans une logique de pacte de coalition de participation", a-t-il continué.

François Bayrou (Modem) est attendu à 14H00, Stanislas Guerini (LREM) à 15H00, Marine Le Pen (RN) à 17H30 et Fabien Roussel (PCF) à 18H30, avant d'autres mercredi comme le chef du parti EELV Julien Bayou.

"La Première ministre a plaidé pour rester afin d'avoir les outils pour faire face à la situation et aux urgences des Français, ce qu'on ne pouvait pas faire avec un gouvernement démissionnaire et en gestion des affaires courantes", explique-t-on dans son entourage.

"Il y a beaucoup de décrets à prendre dans les jours à venir, dont la revalorisation du point d'indice, la deuxième phase de Parcoursup, le bonus/malus auto, la mise en œuvre des mesures urgence de la mission Braun (sur les soins urgents et non programmés, ndlr), les primes à l'apprentissage", précise cette source qui estime qu'on "ne peut pas se permettre d'avoir un gouvernement qui ne gère pas cela".