Rôle de la Commission, poids de la France, abstention... Europe 1 répond à vos questions sur les européennes

Le premier tour des élections aura lieu le 26 mai.
Le premier tour des élections aura lieu le 26 mai. © SEBASTIEN BOZON / AFP
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Isabelle Ory, édité par Antoine Terrel
Isabelle Ory, correspondante d'Europe 1 à Bruxelles, a répondu aux questions des auditeurs sur les prochaines élections européennes, lundi, dans le grand journal du soir de Matthieu Belliard. 

Le 26 mai, les Français sont invités à se rendre aux urnes pour les élections européennes. Mais si en France, un nombre record de 34 listes a été enregistré, la participation devrait une nouvelle fois être très faible. Selon un sondage Ifop publié le 9 mai, elle ne serait que de 40% pour l'ensemble des Français, et de 23% pour les 18-25 ans. Alors que les électeurs restent souvent mal informés sur les modalités du scrutin, Isabelle Ory, correspondante d'Europe 1 à Bruxelles, a répondu lundi aux questions des auditeurs. 

Ghyslain : comment sont désignés les membres de la Commission européenne ? 

Le président de la Commission européenne est désigné par les 28 chefs d'État et de gouvernement des pays membres. Mais ils le font en tenant compte des résultats des élections européennes. Lors du dernier scrutin, par exemple, les grandes familles politiques avaient chacune décidé d'un candidat pour la présidence de la Commission. Dans le cas de la droite européenne, le choix s'était porté sur Jean-Claude Juncker. La droite ayant remporté les élections au niveau continental, les chefs d'État et de gouvernement ont validé la nomination de l'ancien Premier ministre luxembourgeois. 

Donc, un Français votant pour la droite votait d'une certaine manière pour choisir Jean-Claude Juncker comme président de la future Commission. Cependant, les États-membres n'aiment pas beaucoup que les partis politiques européens leur disent qui doit être le président, qu'ils aiment choisir eux-mêmes. 

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Le président de la Commission européenne n'est donc pas désigné au suffrage universel direct, mais choisi par les 28 pays, et sa nomination doit être validée par un vote des députés européens, ce qui lui confère une certaine légitimité démocratique. Ensuite, chaque pays désigne un commissaire, qui siégera au sein de l'institution. En 2014, François Hollande par exemple avait désigné Pierre Moscovici, et son ancien ministre était devenu commissaire aux affaires économiques et monétaires. 

La commission c'est l'exécutif européen, cela fonctionne comme un gouvernement, avec par exemple un commissaire à la justice, ou aux affaires économiques. Le Parlement européen va lui voter les propositions de loi faites par la Commission européenne. Autre institution très importante, mais méconnue : le Conseil de l'Union européenne, qui représente les 28 États. Ses membres votent aussi sur les textes, et quand les États ne sont pas d'accord, le Conseil et le Parlement se concertent pour élaborer la version définitive de la loi.

Jérôme : quel poids peut avoir la France au Parlement, avec 79 députés français sur 705 ? 

En principe, la France doit en effet envoyer 79 députés à Bruxelles et Strasbourg. Mais, dans les faits, seulement 74 députés seront envoyés au Parlement dans un premier temps, en raison du report du Brexit. La France est un des pays les moins bien représentés, avec à peu près un député européen français pour 900.000 habitants, alors que des pays plus petits comme le Luxembourg ou Malte en ont beaucoup plus, avec par exemple près d'un député pour 90.000 habitants à Malte.

Mais le Parlement européen ne fonctionne pas comme l'Assemblée nationale. Chaque député peut y construire une majorité sur un texte, notamment si sa compétence est reconnue. C'est pour cela qu'il est important d'envoyer au Parlement des gens compétents, qui ont de l'influence, et qui vont pouvoir construire un réseau. Dans la législature précédente, on peut prendre comme exemple Elisabeth Morin-Chartier, élue LR peu connue en France, qui était rapporteure pour le texte sur les travailleurs détachés, très important pour lutter contre le dumping social. Elle a réussi à construire des liens avec la gauche, des pays de l'Est, pour au final obtenir une majorité au Parlement. 

Clémentine : le faible engouement pour le scrutin, notamment chez les jeunes, est-il propre à la France ? 

Concernant l'abstention, ce qui s'observe en France s'observe globalement dans toute l'Union européenne. Les élections européennes intéressent peu à travers toute l'Europe. Dans certains pays comme la Belgique, la participation est plus élevée, le vote y étant obligatoire.

Les gens et particulièrement les jeunes ont du mal à connaître le fonctionnement des institutions et se mobilisent peu. Par exemple, lors du référendum sur le Brexit au Royaume-Uni, les jeunes ne sont pas aller voter, alors que ce vote engageait leur vie.

Mais sur certains gros dossiers comme le climat, sujet important de cette élection, la mobilisation vient de la jeunesse. A Bruxelles, des activistes très jeunes viennent régulièrement demander des comptes à l'Europe sur le climat. Malgré la complexité du système, la mobilisation peut se faire par le bais de thèmes comme le climat, plutôt que par la connaissance des institutions ou les élections.