Edouard Philippe : "L'impôt, c'est toujours symbolique pour les autres"

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A.H. , modifié à
Alors que le remplacement de l'impôt sur la fortune par un impôt sur la fortune immobilière génère de fortes crispations, le Premier ministre indique ne pas être opposé à une augmentation des taxes existantes.
INTERVIEW

Accusé de mener une politique favorisant les plus riches, Edouard Philippe, invité exceptionnel de la matinale d'Europe 1 lundi, a tenu à défendre le remplacement de l'impôt sur la fortune (ISF) par un impôt sur la fortune immobilière (IFI). 

"Pas du tout opposé à ce qu'on augmente les taxes existantes". "La position du gouvernement est claire, et elle est pour une large part déterminée par les engagements pris par le président de la République : suppression de l'ISF, maintien d'un impôt sur la fortune immobilière, et pour ce qu'on appelle les biens de luxe, l'impossibilité de les mettre dans l'assiette de l'impôt sur la fortune immobilière, mais la possibilité d'utiliser les taxes existantes, sur les yachts notamment, pour le cas échéant augmenter ces taxes", a expliqué le Premier ministre. Reste à savoir de combien seront augmentées ces taxes. Sur ce point, Edouard Philippe n'a pas apporté de réponse claire, mais a tenu à rester ouvert. "L'impôt, c’est toujours symbolique pour les autres. (…) Je ne suis pas du tout opposé à ce qu’on augmente ces taxes existantes".

"Je voudrais que [les riches] arrêtent de partir". "On supprime l'ISF parce qu'on a constaté sur les quinze dernières années que l'ISF réduisait la matière taxable en France", a justifié Edouard Philippe. "Parce que ceux qui partent ne payent plus l'ISF, mais ils ne paient plus non plus l'impôt sur le revenu et ils y contribuent beaucoup", a-t-il ajouté, avant de préciser son propos : "Je voudrais qu'ils arrêtent de partir, parce qu'ils partent de façon continue depuis quinze ans. Et je souhaiterais également qu'on fasse revenir les plus riches, qu'ils soient français d'ailleurs ou étrangers, parce que quand ils viennent s'installer en France, ils augmentent la richesse globale, et donc le produit d'impôt".

"J'assume d'être prudent". En supprimant l'ISF, l'exécutif espère que les capitaux ainsi exonérés iront vers l'investissement et l'économie. "C'est un calcul qui consiste à penser que nous avons tout à gagner à faire en sorte que l'argent s'investisse en France, dans les petites ou moyennes entreprises, dans le système productif, pour qu'il finance des investissements, pour qu'il renforce la présence industrielle ou la qualité des services…", détaille le Premier ministre. Un pari que l'exécutif prend volontiers, mais sans forcément tabler sur des résultats assurés. "En matière de politique à ces sujets, j'ai vu beaucoup de gens vous dire avant, de façon certaine, ce qui allait se passer. Moi, je suis prudent et j'assume d'être prudent. J'assume de ne pas faire de grandes annonces", fait valoir Edouard Philippe.

"Énormément de mesures pour les plus fragiles". Dans le studio d'Europe 1, le Premier ministre s'est aussi plaint du traitement politico-médiatique réservé au budget 2018, accusé d'être trop favorable aux plus riches. Edouard Philippe a tenu à s'en défendre. "Il y a énormément de mesures dans ce budget qui sont destinées à améliorer la situation des plus fragiles. Je constate que quand on les évoque, ceux qui nous interrogent les écartent assez rapidement du plat de la main. Comme si ça ne comptait pas. Je considère que revaloriser massivement un certain nombre de minimums, ça ne s'écarte pas du plat de la main. Mais curieusement, la force symbolique parait, pour un certain nombre de commentateurs, moins importante".