ÉDITO - "Les Gilets jaunes ont mis un coup d'arrêt au bulldozer Macron"

D'après notre éditorialiste politique, les "gilets jaunes" ont mis un coup d'arrêt aux réformes d'Emmanuel Macron © Montage via photos AFP
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David Doukhan, édité par Ugo Pascolo , modifié à

Alors que les Gilets jaunes fêtent leur première année d'existence, David Doukhan estime que le mouvement social a bousculé le calendrier politique d'Emmanuel Macron, jusque-là "maître des horloges" de son quinquennat. 

Qui aurait pu anticiper l'impact qu'aurait le mouvement des Gilets jaunes il y a un an, en novembre 2018 ? Les premières manifestations donnaient le ton d'une contestation sociale inédite, qui allait ébranler le pouvoir, contrait de se remettre en question. C'est l'analyse de notre éditorialiste politique David Doukhan. 

"C'est un anniversaire auquel Emmanuel Macron n'est pas convié. Un an après le début du mouvement, les Gilets jaunes s'apprêtent à fêter leur premier anniversaire avec des manifestations dans toutes les villes qu'ils ont eu l'habitude d'arpenter pendant des heures, tous les samedis pendant plusieurs mois. Un mouvement social inédit qui a obligé un Emmanuel Macron avare de mots et se voulant "maître des horloges" à prendre la parole, dans un timing qu'il n'avait pas choisi. 

Les 'gilets jaunes' ont donc mis un coup d'arrêt au bulldozer Macron. En à peine un an et demi, il avait assoupli le droit du travail, durci l'assurance-chômage et réformé la SNCF, quitte, parfois, à laisser sur le côté les partenaires sociaux et les élus locaux. Le président, à qui les événements du mois de décembre 2018 ont fait peur, a sauvé son quinquennat avec "le grand débat". Problème : c'est maintenant le grand débat permanent. Élu pour décider, Emmanuel Macron se retrouve contraint au dialogue sans fin. Au risque, comme c'est le cas en ce moment sur les retraites, de générer de l'angoisse, tant le flou plane sur la réalité de ses intentions.

Et puis, il y a un autre changement lié aux Gilets jaunes : on a trouvé l'argent magique ! L'argent qu'Emmanuel Macron évoquait au début du quinquennat pour justifier une politique d'austérité budgétaire existe finalement : 17 milliards débloqués en deux claquements de doigts pour le pouvoir d'achat. Et le chef de l'État n'attend plus pour sortir le carnet de chèques. Sur l'hôpital, par exemple, il annonce des investissements massifs dont on connaîtra le détail mercredi.

Dans son interview à The Economist, Emmanuel Macron dit que la règle des 3% appartient 'à un autre siècle'. Un slogan qui aurait tout à fait trouvé sa place sur un rond-point, l'hiver dernier."