Jean-Christophe Cambadélis, François Hollande et Jean-Yves Le Drian. 2:30
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Michaël Darmon
Pour notre éditorialiste Michaël Darmon, la sortie récente de Jean-Yves Le Drian sur l'état d'agonie du Parti socialiste témoigne d'une gauche en pleine reconstruction sans boussole clairement identifiée.

Un discret bien disert en ce moment : ces deux derniers jours, on a beaucoup entendu Jean Yves Le Drian, à propos des otages et de leur comportement, sur Europe 1, samedi matin, mais aussi sur l’état du Parti socialiste et c’est beaucoup plus rare, dans Le Parisien, dimanche. Deux sorties qui montrent l'envie du ministre des Affaires étrangères de faire entendre une voix de gauche dans le macronisme. Une voix que le PS tente d'ailleurs de porter par divers moyens, analyse lundi notre éditorialiste Michaël Darmon.

"C’est une lapalissade chez Jean Yves Le Taiseux : il parle quand il ne peut plus se taire. Or, ces jours-ci, il trouve que la droite est un peu trop active dans le 'en même temps' macroniste. Il avait déjà mis les pieds dans le plat en novembre 2018, sur Europe 1, à propos des tensions liées à la hausse des taxes sur le carburant. En critiquant l’attitude d’Édouard Philippe, il avait reçu un message en colère du Premier ministre dès la sortie du studio. 

Appel du pied macroniste vers la gauche

Cette fois, Jean-Yves Le Drian dirige ses frappes toujours stratégiques sur le pack de droite. S’il juge dans Le Parisien le Parti socialiste en état de 'suicide' - la formule est étonnante -, c’est pour faire le titre. Sur le fond, Jean-Yves Le Drian, qui a quitté le PS, souhaite que la gauche se fasse entendre un peu plus au sein de La République en marche.

Cette sortie confirme les appels du pied électoral vers la gauche. Après Macron qui cite Mitterrand sur le nationalisme, voilà Le Drian qui souhaite que la gauche soit plus présente chez les Marcheurs. Il relance également les questionnements sur le fameux signal social à donner pour certains après le 'grand débat'.

Mais une fois de plus, Jean Yves Le Drian dément toute ambition pour Matignon. Une manière de dire : si ça arrive un jour, ce n'est pas de ma faute. Le Breton fait ainsi un petit rappel utile à tous les prétendants : Matignon n’est pas une ambition, c'est une nomination. Pour y aller, mieux vaut ne pas vouloir y aller.

Le retour de Cambadélis

Le constat de l’état d’agonie du PS est partagé par une autre personnalité socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, qui reprend les gants et remonte sur le ring. L'ancien premier secrétaire ne peut pas se résoudre à voir son parti prendre l’eau de toute part, donc il entame un tour de France pour lancer une plate forme socialiste articulée sur les élus locaux et le mouvement associatif. Il votera pour la liste Glucksmann pour montrer sa loyauté et fera des propositions après les européennes. Forcément, ça rend la direction du parti un peu méfiante.

>> De 5h à 7h, c’est "Debout les copains" avec Matthieu Noël sur Europe 1. Retrouvez le replay de l'émission ici

Jean-Christophe Cambadélis inaugure ainsi cette période qui s’annonce vitale pour le PS, et se positionne au sein de la formation politique qu’il a dirigée en lançant les grandes manœuvres. On verra si c’est avec ou contre Olivier Faure. Alors que la sociale-démocratie est au pouvoir en Espagne et au Portugal, le PS est le parti social-démocrate le plus faible d'Europe. Le message de Cambadélis est clair : il faut parler parler à toutes les composantes de la gauche socialiste. 

Ces socialistes qui, au passage, constatent que François Hollande n'a toujours pas appelé à voter pour la liste Glucksmann le 26 mai. Peut-être une manière pour lui aussi de prendre date pour la suite. En tous cas, chacun à sa manière, les anciens plaident pour un retour en efficacité afin que le PS soit moins gauche."