Corse : l'alliance nationaliste prend officiellement le pouvoir

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Jean-Guy Talamoni, à droite, au côté de Gilles Simeoni, devrait, sans surprise être élu président de la nouvelle assemblée. © PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP
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William Galibert et Frédéric Michel, édité par R.Da. , modifié à
Alors que la nouvelle collectivité entre en fonction mardi, Emmanuel Macron se rendra sur l'île de beauté le 6 février, pour les 20 ans de l'assassinat du préfet Erignac. Pour les nationalistes au pouvoir, le plus dur commence. 

La nouvelle assemblée unique corse s'installe mardi 2 janvier sur l'île de beauté avec la fusion des deux départements et de l’ancienne collectivité. Il y a un mois, les nationalistes de Pè a Corsica (l'alliance des autonomistes de la majorité locale et des indépendantistes) ont raflé 41 sièges sur les 63 à pourvoir. Mais après ce moment historique, les nouveaux responsables politiques ont encore un défi de taille à relever.

De l'autonomie à l'indépendance. En effet, cette collectivité unique n'existe nulle part ailleurs ou alors sous d'autres formes, en Guyane et en Martinique. Une nouvelle entité est donc entièrement à construire, et il n'est pas sûr que les partis nationalistes reçoivent l'aide des partis traditionnels qu'ils ont quasiment fait disparaître du paysage politique de l'île. Ce chantier risque donc de leur prendre beaucoup de temps et d'énergie alors même qu'ils espèrent, avant la fin de leur mandature, dans trois ans, obtenir un statut d'autonomie élargie.

La question de l'indépendance ne se posera pas avant cinq ans répète Jean-Guy Talamoni qui devrait, sans surprise, être élu président de la nouvelle assemblée. Gille Simeoni, de son côté, restera à la tête de l'exécutif ; l'autonomiste est le véritable homme fort de cette alliance avec les indépendantistes, mais à détenir tous les pouvoirs, cet ancien avocat sait que l'on peut se brûler les ailes. Leur écrasante victoire oblige les nationalistes, car leur échec pourrait mettre en péril le projet politique de plusieurs générations.  

La fermeté de l'Elysée. De son côté, Emmanuel Macron a déjà envoyé un premier signal aux nationalistes. Il fera un déplacement à Ajaccio, le 6 février prochain, soit vingt ans tout juste après l'assassinat du préfet Erignac à qui un hommage sera rendu. Sur place, le chef de l'Etat rencontrera aussi les nationalistes, mais les lignes rouges ont déjà été tracées par l'Elysée, concernant l'amnistie des prisonniers comme Yvan Colonna, ou encore sur la reconnaissance de la langue corse comme égale du français. Emmanuel Macron s'y refuse, pour le président, le respect de la Constitution doit primer.

Longtemps silencieux après les élections territoriales en Corse, Emmanuel Macron a bien évoqué la semaine passée" des "évolutions institutionnelles" sans pour l'instant en esquisser les contours. Il faut que la Corse puisse exploiter toutes ses potentialités, notamment économique, disait Emmanuel Macron pendant sa campagne. Il avait alors promis du "pragmatisme" et d'éventuelles "évolutions". Mais alors que les velléités indépendantistes se réveillent en Europe, on comprend que le Président veut éviter à tout prix que la Corse devienne une Catalogne française.