"Conclusions fragiles" ou "soupçons sérieux" : l'affaire Benalla divise le Sénat

Le cas d'Alexandre Benalla devrait être transmis à la justice. Mais ceux des collaborateurs d'Emmanuel Macron ?
Le cas d'Alexandre Benalla devrait être transmis à la justice. Mais ceux des collaborateurs d'Emmanuel Macron ? © AFP
  • Copié
, modifié à
Selon le JDD, le bureau de la Haute Assemblée est partagé à quelques jours de sa décision de transmettre ou non à la justice les cas de trois collaborateurs du chef de l'Etat dans cette affaire. 

Quelles suites donner au travail de la fameuse commission d'enquête sénatoriale chargée d'éclairer les défaillances de l'Etat dans l'affaire Benalla ? Réponse jeudi, lorsque les 26 membres du bureau du Sénat décideront, à main levée, de transmettre ou non les cas des différents protagonistes auditionnés à la justice. A quelques jours de l'échéance, le sujet fait débat chez les parlementaires, selon le JDD

Des signalements acquis pour Benalla et Crase. Fin février, la commission présidée par Philippe Bas a pointé des "dysfonctionnements majeurs" et réclamé des poursuites. D'après le Journal du Dimanche, le Sénat alertera bien le parquet pour les deux principaux protagonistes du dossier, Alexandre Benalla et Vincent Crase, tous deux soupçonnés de "faux témoignage" devant les sénateurs, concernant leurs fonctions précises mais aussi leur implication dans l'affaire dite des "contrats russes". 

En revanche, quid des proches collaborateurs d'Emmanuel Macron, également entendus par la commission ? Les noms d'Alexis Kohler, secrétaire général de l'Elysée, de Patrick Strzoda, directeur du cabinet du président de la République et de Lionel Lavergne, chef du groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR), sont également cités par le rapport de la commission d'enquête. Une source sénatoriale indique au JDD que des "soupçons sérieux sur une retenue intentionnelle d'informations", pouvant constituer un faux témoignage, existent à leur égard. 

"Le Sénat se déjugerait lui-même". Faut-il, alors, demander à la justice de se saisir du cas de ces personnages de l'Elysée ? Au sein du bureau du Sénat - à majorité LR et centriste -, la question divise, alors que la Haute chambre entend peser dans la réforme des institutions. "Ce n'est peut-être pas indispensable d'aller faire ch*** les collaborateurs du président quand on discute de révision constitutionnelle...", résume un sénateur auprès du Journal du Dimanche

"Les conclusions de Philippe Bas et des rapporteurs me semblent au minimum très fragiles, voire largement infondées", estime pour sa part le sénateur Jean-Marc Gabouty, membre du bureau. "La machine s'est emballée en passant un peu vite de Benalla aux collaborateurs du président." Le sénateur communiste Eric Bocquet juge au contraire qu'en ne transmettant pas ces cas, "le Sénat se déjugerait lui-même". Il est rejoint sur ce point par... Bruno Retailleau, président du groupe LR, pour qui "l'image du Sénat a été considérablement valorisée" grâce aux travaux de la commission. "Contredire ses conclusions serait une erreur", juge-t-il. "On perdrait sur tous les tableaux : en crédit auprès des Français et en poids politique pour le Sénat."