Charlie Hebdo caricature Erdogan, Ankara veut une réponse "judiciaire et diplomatique"

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan. © Adem ALTAN / AFP
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Océane Herrero , modifié à

Dans un nouveau dessin de Charlie Hebdo, le président turc Recep Tayyip Erdogan est représenté en train de soulever le jilbab d'une femme. La Turquie a condamné cette caricature et assure vouloir apporter "une réponse judiciaire" à cette affaire, ajoutant un échelon à l'escalade de tensions avec la France depuis l'assassinat de Samuel Paty.

"Nous ne renoncerons pas aux caricatures, aux dessins", avait solennellement déclaré Emmanuel Macron lors de l'hommage national rendu au professeur Samuel Paty, mort assassiné par un terroriste. Le journal satirique Charlie Hebdo a pris le président de la République au mot. Alors que les tensions s'aggravent entre la France et la Turquie autour de cette même liberté de caricaturer, Charlie Hebdo a publié, en Une de sa dernière édition hebdomadaire, une caricature de Recep Tayyip Erdogan. Le président turc est représenté en slip, soulevant le jilbab d'une femme riant de la plaisanterie, avec pour légende : "Erdogan : dans le privé, il est très drôle". 

De quoi susciter le courroux de la Turquie, qui s'est à maintes reprises exprimée contre les caricatures s'attaquant aux musulmans - et en particulier au prophète Mahomet. Suite à la publication de la Une de Charlie Hebdo, le principal conseiller pour la presse du président turc, Fahrettin Altun, a déclaré sur Twitter : "nous condamnons cet effort tout à fait méprisable de la part de cette publication pour répandre son racisme culturel et sa haine". Pour lui, cette publication est le résultat du "programme anti-musulman du président français Macron".

La Turquie a même assuré vouloir apporter "une réponse judiciaire" à cette affaire. "Les actions judiciaires et diplomatiques nécessaires seront entreprises contre ladite caricature", a déclaré mercredi la direction de la communication de la présidence turque dans un communiqué en français, dans un contexte de tensions croissantes entre Ankara et Paris.

Sedar Çam, vice-ministre turc de la Culture et du Tourisme, a pour sa part publié sur Twitter : "Charlie Hebdo : Vous êtes des bâtards.. Vous êtes des fils de chienne.."

Escalade verbale

Suite à l'assassinat de Samuel Paty, la France et la Turquie ont été prises dans une spirale de violence verbale. Erdogan a appelé le président français à passer un examen psychiatrique, avant de comparer le traitement des musulmans en Europe à celui des Juifs avant la Seconde guerre mondiale. La France avait alors rappelé son ambassadeur en Turquie, un geste diplomatique rare de défiance. 

Cet épisode illustre un refroidissement brutal des relations entre les présidents français et turc, qui n'étaient déjà pas au beau fixe. En novembre 2019, le président turc avait déjà interrogé la santé mentale d'Emmanuel Macron, celui-ci ayant parlé de "mort cérébrale" de l'Otan. Erdogan l'avait invité à "examiner sa propre mort cérébrale".