Ils ont porté Fillon jusqu'au second tour de la primaire de la droite

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Bruno Retailleau est l'un des premiers fidèles de François Fillon. © JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP
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R.Da. , modifié à
À quelques heures du débat de l’entre-deux-tours, Europe 1.fr décortique la galaxie d’élus et de conseillers qui constituent le premier cercle autour de François Fillon.

Depuis près de deux ans qu’il a déclaré sa candidature, ils ont cheminé à ses côtés. D'autres sont avec lui depuis plus longtemps encore. Alors que François Fillon dispute ce soir un débat décisif, qui pourrait lui permettre de verrouiller son avance sur Alain Juppé, Europe 1.fr se penche sur les intimes, connus ou artisans de l’ombre, qui ont porté l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy jusqu’au second tour. 

Patrick Stefanini, le faiseur de rois. C’est peut-être à lui que François Fillon doit son score surprise (44,1%) au premier tour de la primaire. Il faut dire que Patrick Stefanini, directeur de campagne du candidat, sait conduire ses poulains jusqu’à la victoire, même lorsque la situation s’annonce compliquée. En 1995, c’est lui qui avait mené la campagne de Jacques Chirac face à un Edouard Balladur archi-favori dans les enquêtes d’opinion. En 2002, c’est encore lui qui œuvre dans l’ombre de l’ancien président de la République. On le retrouve aussi en 2015 dans la campagne de Valérie Pécresse pour l’élection régionale en Île-de-France. Son secret ? On ne change pas une formule qui gagne : "J’ai fait un choix stratégique, que j’avais déjà fait dans toutes mes précédentes campagnes : distribuer un journal de campagne, tiré à 1,5 million d’exemplaires, dans les boîtes aux lettres. Je sais pour l’avoir fait avec Chirac en 1995 et en 2002, puis encore avec Pécresse en 2015, que cela a un fort impact. Cela permet aux gens – notamment les retraités – d’avoir le temps de lire le programme tranquillement chez eux", a confié ce haut-fonctionnaire au Monde.

Coup du sort, Patrick Stéfanini est un ancien proche d’Alain Juppé dont il fut, à Matignon, le directeur de cabinet. Il a également été condamné dans l’affaire des emplois fictifs, avant de devenir en 2011 préfet de… Gironde. En 2013, il rejoint Fillon avec la bénédiction d’Alain Juppé, accaparé par les municipales. Devenu l’outsider de la primaire, le maire de Bordeaux pourrait bientôt s’en mordre les doigts.

Jacques Gérault, le coordinateur. Lui aussi a travaillé avec Alain Juppé, notamment comme directeur de cabinet lorsque ce dernier était au ministère de la Défense. Directeur des affaires publiques du groupe AREVA depuis 2011, cet ancien préfet de la Charente, de l’Oise et du Rhône rejoint l’équipe Fillon en février, au sein de laquelle il est chargé d’épauler Patrick Stefanini dans la gestion des affaires courantes.

Serge Grouard, l’ami de longue date. En charge du projet de François Fillon, Serge Grouard a piloté la campagne du député de Paris lorsqu’elle n’en n’était encore qu’à ses balbutiements, et ce dernier au plus bas dans les sondages. Entre les deux hommes, c’est d’abord une longue histoire d’amitié. "On se connaît depuis plus de 30 ans. La première fois que l'on s'est rencontré c'était en Sarthe, j'étais jeune stagiaire et lui était très jeune député. J'ai tout de suite eu une sorte d'accroche, de sympathie", a-t-il raconté à France Bleu. Serge Grouard, ancien maire d’Orléans, fut aussi l’un des principaux lieutenants anti-sarkozystes de François Fillon, qui a eu à cœur, durant la campagne, de se démarquer de celui dont il fut le Premier ministre pendant cinq ans. "Il aurait un certain panache à respecter sa promesse de la campagne de 2012, quand il avait dit qu'il se retirerait de la vie publique s'il était battu...", avait lancé Serge Grouard à l’adresse de l’ex-chef de l’Etat en juillet 2014, dans les colonnes de La République du Centre.

Fin 2015 néanmoins, Serge Grouard prend ses distances avec le dispositif de campagne, en raison d’un désaccord sur son organisation, rappelle L’Opinion. Pour autant, il continue de défendre son champion dans les médias. "François Fillon est le seul à pouvoir redresser le pays", martelait-il encore en octobre dans Mag’centre.

Igor Mitrofanoff, le porte-plume. Ancien assistant parlementaire de François Fillon qu’il a rencontré à ses débuts, Igor Mitrofanoff est aussi l’un de ses plus proches amis, puisqu’il est le parrain de son dernier fils, Arnaud. Plume du candidat au moins depuis que celui-ci est passé par Matignon, il a également mis son style élégant et acéré au service de Nicolas Sarkozy, à l'époque de la place Beauvau. Selon Les Echos, il serait à l’origine de la fameuse pique : "Je n’ai pas vocation à démonter des serrures à Versailles pendant que la France gronde", lancée en 2005 par le ministre de l’Intérieur à l’attention de Jacques Chirac. Igor Mitrofanoff, descendant de Russes blancs, fait aussi partie du cercle russophile autour de François Fillon - favorable à un rapprochement diplomatique avec la Russie -, et dans lequel on peut également compter Jean de Boishue, ancien professeur agrégé de russe qui fut chargé de mission auprès de l’ex-Premier ministre.

Bruno Retailleau, un parlementaire de poids. Cet ancien proche de Philippe de Villiers, est devenu l’un des principaux visages de la campagne de François Fillon. Catholique, opposé au Mariage pour tous, président des Pays de la Loire et patron des sénateurs LR, il n’a cessé dans les médias de présenter son champion comme une synthèse des candidatures d’Alain Juppé et de Nicolas Sarkozy, longtemps annoncés comme les favoris du scrutin. "François Fillon a été un point d’équilibre entre l’audace, le volontarisme de Nicolas Sarkozy et de l’autre la sérénité, l’apaisement, le rassemblement d’Alain Juppé", a-t-il encore avancé au lendemain du premier tour, sur Europe 1. Alors que l’ancien Premier ministre a lancé sa campagne en ciblant largement Nicolas Sarkozy – "Qui imagine le général de Gaulle mis en examen ?" - Bruno Retailleau l’avait invité à se concentrer sur le fond de son projet et à prendre de la hauteur. "Le problème de la petite phrase, c’est que ça cannibalise tout, on ne retient plus que ça. […] "Je lui recommande d’être sur le fond ou il excelle, il fait des discours gaullistes d’une excellente tenue", avait-il expliqué, toujours au micro d’Europe 1.

Jérôme Chartier, le porte-parole. Le député du Val-d’Oise, porte-parole de la campagne  avec Valérie Boyer, députée des Bouches-du-Rhône, est un fidèle de la première heure et faisait déjà partie de la garde rapprochée de François Fillon lors de la campagne pour la présidence de l’UMP en 2012. Dans les médias, son calme et sa prudence ont toujours fait écho au "sérieux" revendiqué de son candidat. Lorsque Europe 1 l’interrogeait, à quelques jours du premier tour, sur la qualification possible de François Fillon, il préférait tempérer : "On verra bien".

Antoine Gosset-Grainville, l’homme de réseaux. Ancien directeur de cabinet adjoint de Matignon, Antoine Gosset-Grainville a notamment été cité dans l’affaire Fillon-Jouyet pour avoir assisté en 2014 au fameux déjeuner lors duquel François Fillon aurait demandé au secrétaire général de l’Elysée, selon des révélations du Monde, d’inciter la présidence à accélérer le cours des affaires judiciaires visant Nicolas Sarkozy. À la tête de son propre cabinet d’avocat BDGS depuis 2013, Antoine Gosset-Grainville ferait profiter le candidat de son important réseau ; c’est vers lui que se tourne François Fillon lorsqu’il a rapidement besoin d’une note sur un sujet, souffle L’Opinion.

Anne Méaux et Myriam Lévy, les pro de la com’. La première dirige la fameuse agence de conseil en communication Image 7, la seconde, consultante dans la même boîte, est une ancienne journaliste qui s’occupait déjà de la com’ de François Fillon à Matignon. Elles ont eu en charge de remettre à flot un candidat dont l’image avait largement été abîmée après la bataille fratricide pour la direction de l’UMP, et qui est longtemps resté à la peine dans les sondages.